J 08 Voljsk-Kazan

17 Mai 2018

Quelques petites impressions sur le séjour à Voljsk : c’est la première fois que je me trouve confronté à une ville « à l’ancienne » ou au moins conforme à l’idée que je me fais de ce qu’était l’URSS.

Le premier indice c’est l’architecture. L’hyper centre ville ressemble à un décor de cinéma. Statues grecques, bassins, fontaines… on se croirait dans un péplum.

Ça m’a fait penser aux grandes artères de Bucarest, en face du palais de Caucescu où même aux immeubles de Bartoli à Montpellier.

Et un petit côté tape à l’œil en décalage avec la qualité de l’ensemble : aucun ascenseur ne fonctionnait dans cet impressionnant bâtiment.

Ensuite l’apparition de tracasseries administratives : pour la première fois le contrôle de mes papiers par la réceptionniste de l’hôtel a donné lieu à des vérifications approfondies de mes lieux de passages des derniers jours. Et la nécessité de fournir un « registrate » pour chaque nuitée. J’ai pris ça un peu à la légère car, jusqu’à présent, personne n’avait eu de telles exigences et j’avais dû moi-même insister dans un hôtel pour qu’ils copient mon passeport.

Comme il était tard et que je n’avais qu’une envie c’était de prendre une douche, je ne me suis pas montré coopératif et mes relations avec la réceptionniste ne prenaient pas une tournure sympathique !

Pour finir elle a appelé une autorité supérieure qui a dû la rassurer ou la couvrir et j’ai pu monter mon barda de cycliste au troisième étage sans ascenseur (enfin, sans ascenseur qui fonctionne).

Ma chambre, gigantesque, aurait pu accueillir une équipe du Tour de France.

Autant dire que j’avais mes aises et que j’ai profité de la salle de bains (dimensions olympiques elle aussi) pour une bonne douche et un lavage de ma tenue cycliste.

En sortant de l’hôtel vers 21h30, je sors dîner et je me dirige vers le Burger King aperçu en arrivant de l’autre côté du carrefour.

Désillusion sur ma compréhension de l’alphabet cyrillique : une seconde lecture de l’enseigne (qui ressemble à celle de Burger King, je vous l’assure) m’apprend qu’il s’agit d’une salle de « billard ». Je suis prêt à avaler n’importe quoi mais des boules de billard ça me semble au-delà de mes capacités digestives.

Donc je fais le tour, au pas de gymnastique, du centre de Voljsk et nada restaurant.

Juste une supérette bien éclairée. Je m’y précipite à 21H58 (ça ferme à 22H) et j’attrape une banane, une orange un yaourt, je passe devant le frigo des bières et là, erreur fatale, j’ai 30 secondes d’hésitation entre une marque danoise bien connue et une marque russe, Kozel. Pour ne pas mourrir de soif entre deux tas de foin comme l’âne de Burridan, je prends les deux (excusez-moi mais j’ai très soif).

À cet instant précis un hurlement retentit derrière moi…

La responsable du magasin, jeune et avenante au demeurant, a dû suivre des courts d’art dramatique, section « camp de redressement ».

J’en prends plein les oreilles et je lui fais signe que je ne comprends pas le russe mais que pour autant je ne suis pas sourd.

Elle m’intime fermement l’ordre de reposer mon Graal, ces deux bouteilles de bière.

Pendant que ces 30 secondes d’hésitation l’horloge est passée à 22H et, à 22H plus de vente d’alcool.

J’essaie de plaider ma cause de façon humoristique (certains diraient à la française) en lui expliquant que justement en France il est 21H et que ma montre est restée à l’heure française… mais de toute évidence elle n’était pas en section « comédie » quand elle a suivi des cours de théâtre.

Je sens qu’en plus des bières je vais perdre banane, yaourts et consorts. Je baisse donc pavillon et, pour ne pas perdre la face complètement je vais chipoter dans de frigo des sodas pour prendre une boisson gazeuse.

Les deux caissières sont plus aimables et ont l’air de regretter l’attitude de leur cheftaine.

Donc maigre butin pour cette virée en ville à Voljsk.

Qui dort dîne reste donc une excellente maxime…

Le lendemain c’est déjà les vacances puisqu’il ne me reste que 50 kilomètres à parcourir pour arriver à Kazan où mon Couch Surfer, Sergey, m’attend jusqu’à 15H.

Donc cool et relax petit déjeuner dans la cathédrale de l’hôtel.

Puis rangement minutieux des affaires sur le vélo.

Bref je pars de Voljsk tranquillement vers 10H.

J’entre dans la république du Tatarstan… tout un programme !

J’avance sereinement sur mon itinéraire, observant au passage un camion se coucher dans un virage sur la bande d’arrêt d’urgence où j’aurais pu me trouver.

Le chauffeur est sorti tout seul et apparemment indemne de sa cabine.

Le tracé GPS m’éloigne un peu de l’autoroute, bonne idée. Cette petite route est vraiment sympa.

Elle devient terreuse et traverse un quartier aux petites maisons sympathiques.

Puis elle sort du quartier habité pour devenir un chemin le long d’une magnifique voie ferroviaire. Moi qui voulais suivre le trajet de Transsibérien, je suis servi !

Le problème c’est que ce chemin est couvert de sable. Avec le poids de mon vélo c’est mission impossible.

Pendant cinq kilomètres j’alterne la marche à pied en poussant le vélo et les exhibitions d’équilibriste. Comme je n’ai pas de spectateur ça n’est pas franchement comique et je n’ai qu’une envie : m’extraire de ce piège.

Dès que je vois des maisons, je respire et je recalcule un nouveau trajet : il est 13H et il me reste 24 kilomètres à parcourir pour arriver chez Sergey. Normalement ça doit le faire.

Sauf que ça commence par la Bérésina mon affaire : j’ai 1 km de mur à monter pour sortir de ce guêpier.

Si Sergey ne m’attendait pas, je ferais bien la grève sur le tas.

Pas le choix, il faut y aller coûte que coûte.

Heureusement après c’est plus facile malgré le traffic à l’entrée de Kazan.

Veinards de footballeurs français qui vont faire leur premier match à Kazan : ils vont avoir une ville toute neuve pour taper dans un ballon : partout on balaie, on repeint, on refait le macadam…

14H30 je suis devant chez Sergey qui me rejoint 10 mn plus tard et m’aide à ranger mon vélo dans l’entrée de son immeuble et me donne un coup de main pour monter sacs et bagages dans son appartement au cinquième étage (sans ascenseur…).

Sergey me donne un trousseau de clés, le code WIFI et me dit « à plus tard ! »

Moi aussi, je continuerai « plus tard » mon journal de bord.

Dans la prochaine livraison : les vacances de Stéphane à Kazan !

14 réflexions sur « J 08 Voljsk-Kazan »

  1. Je constate que tu es toujours en pleine forme. Tu as un certain talent et beaucoup d’humour pour narrer tes aventures…Tu vas écrire tes  » mémoires à vélo  » au retour ?
    Bizzzzzzzzzz

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    1. Avant de penser au retour je reste concentré sur l’aller… il y a encore beaucoup de route à faire. La pluie peut-être demain et un gros week-end au niveau traffic… faut que je parte tôt !

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  2. Espérons que ta journée de pause sera un peu plus reposante.
    J’avais pourtant bien envie de t’accompagner dans ton périple… 😏
    Finalement je vis très bien tout cela par procuration !!
    😎😎😎

    😉

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    1. Mais est-ce que tu l’as signée cette procuration ? Bon je trouve que tu t’investis pas mal et que tu suis bien mon périple, ce qui est aussi rassurant pour moi 😊

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  3. Je commence mes journées avec votre narration détaillée qui me fait sourire, peut être pas vous, que d’aventures !!! a partager inutile de vous recommander de ne pas prendre trop de risques Biz

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  4. Sympa cet épisode 8 ! On attend avec impatience l’épisode 9 🙂
    Tu ne dois plus être très loin du 1er millier de kilomètres. Bravo Papa !

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