J 35 Tchoulym – Novossibirsk

Jeudi 14 Juin 2018

La météo disait « Début des tempêtes à 20H mercredi »… en fait la pluie a commencé un peu plus tard, mais elle m’a tenu compagnie toute la journée jusqu’à mon arrivée à Novossibirsk.

« Mais avant de partir, il faudra bien te couvrir…», ce conseil donné au Père Noël j’aurais dû m’en souvenir ce matin.

Comme je vais rouler avec des vêtements de pluie, je prends un maillot léger et un short pour ne pas trop transpirer.

Au bout de 5 kilomètres le goretex est collé à ma peau tant il est mouillé. Étanche certes mais le froid de la pluie traverse la fine membrane.

J’attends le premier abri pour me changer : une station service, un abri d’arrêt d’autocar…

Et j’attends 40 kilomètres tout rond pour arriver dans une station-service et une belle cafétéria avec un abri parfait pour le vélo… deux heures à pester contre le froid et mon imprévoyance !

D’autant que j’ai une paire de gants étanches que j’ai passés au-dessus des manches du blouson et que, très vite, l’eau est descendue à l’intérieur des gants (bien étanches) et j’ai les doigts dans un demi litre d’eau de pluie 😬.

Autant vous dire que mon meilleur ami dans cette cafétéria, c’est le sèche-mains !

Je privatise un des deux WC et je me change des chaussettes au maillot.

Ensuite un bon repas et je repars, sachant que dans 32 kilomètres j’ai un bar à soupe en ligne de mire.

Mais avant d’arriver dans ce nouveau paradis, je rencontre une belle zone de chantier : on est en train de doubler ou même tripler la route ( en fait c’est la continuation de l’autoroute qui contourne Novossibirsk par le Nord en direction de Tomsk).

L’ancienne route sur laquelle tout le monde circule se trouve en contrebas d’un bon mètre du nouveau tracé et, par endroit, contourne d’énormes drains sous la nouvelle route.

Je suis dans une espèce de piscine à voitures et camions… les camions soulevant des gerbes d’eau de 3 ou 4 mètres de haut (je n’ai pas pris le temps de mesurer mais c’était déjà plus haut que les camions eux-mêmes…).

Donc je comprends vite que je vais périr noyé avant la fin du chantier.

Je m’arrête, bloquant un camion compréhensif, et j’escalade le talus pour monter sur la nouvelle route.

J’ai oublié de vous dire que le chantier est désert : les rouleaux-compresseurs, les machines qui mettent l’enrobé, les camions… tout est stoppé sans âme qui vive aux alentours : il doit trop pleuvoir pour poursuivre le chantier !

Je roule donc sur le chantier de l’autoroute, dominant les voitures et les camions qui continuent à ramer en contrebas.

Quel luxe de rouler sur une route parfaitement plane. Par moment c’est une couche d’argile, prête à recevoir le goudron, parfois un goudron fraîchement posé mais c’est lisse, sans la moindre aspérité ni la moindre flaque d’eau… un vrai bonheur.

J’arrive dans mon « bar à soupe » (une cafétéria), immense et désert (il faut dire qu’avec le chantier ça n’est pas évident de le rejoindre). Petite halte avant d’arriver dans la banlieue de Novossibirsk.

Mes hôtes de ce soir, Fabrice et Valeria, m’attendent à partir de 18H30, donc pas trop d’urgence.

La route est belle jusqu’à l’entrée de Novossibirsk où j’arrive à 17H30

Après ça se complique un peu : circulation dantesque, embouteillages… je décide d’utiliser les trottoirs pour avancer.

Au début ça se passe bien mais je suis obligé d’emprunter une passerelle (enlever les sacoches, les monter, descendre chercher le vélo, remettre les sacoches…) et je croise des bretelles d’entrée ou de sortie sur la voie principale : pas de passage piétons, des bordures de trottoirs de 30 cm de haut, c’est un petit parcours du combattant.

Je passe le pont sur l’Ob :

Vers 18H40 j’arrive chez Fabrice et Valeria et la belle-fille de Fabrice, Macha, m’accueille pour que je rentre mon vélo et commence à faire l’inventaire de mes affaires un peu humides…

Fabrice et Valeria arrivent : eux aussi étaient bloqués dans les embouteillages sur le pont au-dessus de l’Ob.

Une douche, un bon repas (avec salade ouzbek préparée par Fabrice), la première mi-temps du match d’ouverture de la Coupe du Monde de football entre la Russie et l’Arabie Saoudite.

Entre temps Gaspard, leur petit garçon qui vient d’avoir 8 ans, est rentré d’un dîner pour son anniversaire chez des petits camarades. Il joue aux Playmobiles… vie de famille franco-Russe bien agréable !

A demain pour la suite… si vous le voulez bien !

11 réflexions sur « J 35 Tchoulym – Novossibirsk »

  1. 😩😰😟😞😖😢😰
    😘😥😮🤐😯🤤
    « vie de famille franco-Russe bien agréable ! »
    Et bien aujourd’hui, même avec ton naturel plutôt optimiste et positif, le mot agréable a été long à venir !
    Quelle endurance !
    Par contraste ce soir tu dois te sentir au paradis.
    Repose toi bien et récupère tes forces mais demain il devrait faire plus chaud et plus sec.
    J’imagine que tu vas faire l’explorateur citadin dans cette cette grande ville fourmillante et bien occuper ces 2 jours de soit disant repos !
    À demain soir jeune Lucien …

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    1. Effectivement Novossibirsk est une ville vivante, agréable pour ce que j’en ai vu jusqu’à présent. Elle a été créée il y 131 ans (il faut que je vérifie si j’ai bien compris les affiches du Maire de Novossibirsk qui souhaite un bon anniversaire à la ville) mais c’est un vrai champignon qui doit son développement au Transsibérien (et certainement à la richesse du sous-sol dans la région).
      Quant aux « difficultés » d’hier c’est juste une question de confort et je suis responsable d’un mauvais choix de vêtements… donc c’est une leçon enregistrée.

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  2. 673 km ces cinq derniers jours ! Tu as bien mérité du repos ! En plus les conditions que tu décris sont loin d’être évidentes. Je suis vraiment impressionné. Bravo Papa !

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    1. Vu le profil extrêmement plat des étapes c’était du billard. Quant à la pluie, un ch’timi, même exilé dans le sud, trouve ça normal. L’état de la route sont des difficultés plus gênantes, mais comme c’est la même chose depuis le début… j’ai fini par m’habituer 😎

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  3. Pffff ton récit sur ta journée d’hier laisse imaginer une étape dantesque niveau météo, même si en temps que ch’timi tu restes habitué à la pluie j’admire ta ténacité de pédaler dans ces conditions bravo Stephane ! J’étais en pensée avec toi hier j’ai assisté (ou plutôt entendu la télé en fond sonore) au triomphe de la Russie face à l’Arabie saoudite 👍. Encore félicitations pour les kilomètres parcourus depuis 5 jours surtout ceux d’hier, profites bien de tes jours de repos et j’espère pour toi que la météo sera plus clémente pour la suite.

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  4. Quelle galère ! Et dire que tu fais ça pour ton plaisir ! Quel courage et qu’elle endurance. Tu mérites bien d’aller jusqu’au bout de ton défit mais j’espère que tu vas rencontrer des conditions climatiques et routières plus favorables. Les Delgorge te suivent et échangent sur tes résumés quotidiens. Bises.

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    1. Pour l’instant je suis comme un coq en pâte à Novossibirsk que je vais quitter demain. J’aime beaucoup cette ville mais je suis impatient de continuer mon périple et je croise les doigts pour la météo 🤓

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  5. Nous venons de rejoindre ton périple ,quelle épopée!..nous nous sommes contentés de l’avion, du train et du bus
    pour découvrir un peu de la Russie jusqu’au Baïkal …Bonne continuation dans ta découverte du pays ,tous nos encouragements pour la suite de tes efforts.A Irkoutsk nous avons eu une guide charmante Olécia,nous te laissons son mail:olesyanb@yandex.ru.Grosses bises de Françoise et Jean-Louis

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    1. Un grand merci pour vos encouragements 😊. C’est vraiment un beau voyage et vous avez eu la chance de le faire en hiver. Vélo et hiver ça ne va pas très bien ensemble (enfin pour moi… je ne me vois pas circuler par -15° ou -30°) mais ça me tenterait bien de voir ces mêmes paysages figés dans le blanc et dans la glace.
      J’enverrai un petit mot à Olecia pour le trajet du retour avec Anne qui veut connaître Irkoutsk. Je vous embrasse 👍

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