J 053 Oussolie-Sibirskoïe – Irkoutsk

Mercredi 4 Juillet 2018

Dans quelques heures les Américains vont fêter leur Fête Nationale, mais pour moi c’est aussi un jour spécial : je vais voir le lac Baïkal !

Je me souviens de mes cours de géographie en classe de Terminale où M. Hannaire (Ballot, Bodaert, Maillard… au tableau !) nous faisait dessiner des cartes de Russie en prévision du Baccalauréat et de cette petite virgule au milieu de la Sibérie…

Petite sur une carte de 10.000 kilomètres , mais c’est quand même la plus grande réserve d’eau douce au monde !

Des légendes de shamans, des poissons endémiques, des images de glaces bleutées et transparentes, le livre de Sylvain Tesson… pour moi tout est mythique dans ce lac.

J’ai hâte d’y arriver !

Je me sens en pleine forme, j’ai… envie ! Envie de découvrir, de continuer à rouler, de rencontrer les gens qui vivent ici. De voir l’île d’Olkhon, de manger des oumouls, me baigner dans le lac (là je suis moins sûr… il paraît que la température de l’eau est glaciale).

J’écoute la B.O. du film tiré du livre de Tesson (Ibrahim Malouf, à écouter absolument) : ça me permet de rêver un peu et j’en ai besoin car sur la route c’est un défilé continu de voitures ! Je pensais être le seul à me rendre à Irkoutsk ce matin, mais il doit y avoir une foire ou un marché qui attire toute la population des environs (il paraît que non, ce sont des gens qui vont travailler à Irkoutsk, tout simplement). Je serre les mains sur le guidon et le reste sur la selle en me faisant frôler par cette meute de « machinas ». L’automobile est une belle invention… mais à petite dose !

En traversant Tel’ma une belle église brille au soleil du matin

Le bord de la chaussée est constellé de pièces de dix roubles. Les automobilistes en passant doivent faire une offrande :

Ces offrandes ne sont pas vaines car deux ou trois moujiks sont en train de ramasser les pièces le long de la route et dans le fossé.

Pas de temps à perdre pour moi, le Baïkal m’attend.

A part cette circulation étonnante, la route est plutôt facile.

A chaque petit sommet je m’attends à voir apparaître le lac… Anne me remémore un passage du livre de Zef Jegard qui, avant l’arrivée à Irkoutsk, avait photographié le Baïkal.

Finalement j’arrive à l’entrée d’Irkoutsk

Mais de vue sur le Baïkal, que nenni !

Ou le lac à été déplacé, ou ils ont construits des immeubles qui bouchent la vue, ou le temps est trop brumeux pour voir le lac.

Je n’aurai pas de réponse à cette question.

Pour me consoler je prends un verre de Kvas (Квас en Russe) à une marchande sur le bord de la route

Je remplis une gourde de cette boisson à base d’eau, de levain (ou de morceaux de pain fermenté) et de sucre. Les Russes raffolent de ce breuvage et la marchande peut me dire merci car, mon ravitaillement chez elle fait s’arrêter une série de voitures qui lui achètent des bouteilles…

Maintenant je suis dans la circulation de la périphérie d’Irkoutsk qui ressemble à l’arrivée de n’importe quelle grande ville. Il y a eu du changement depuis Michel Strogoff…

J’ai repéré sur la carte la bifurcation à emprunter avant de traverser l’Angara : mon hôtel est près de la gare d’Irkoutsk Passager, la gare du Transsibérien.

Évidemment c’est l’artère la plus bouchée pour rentrer en ville et je fais un gymkhana entre voitures, camions, bus, tramways, trolleybus et les trottoirs !

Je passe sur un pont qui franchit un bras de l’Angara ou un petit affluent

Encore une montée un peu sévère et j’arrive au Добрый кот (le Chat Gentil) mon hôtel à Irkoutsk.

J’ai réservé un lit dans un dortoir de six pour me faire de nouvelles relations mais, manque de chance je suis avec deux asiatiques qui ne parlent pas anglais et ne semblent pas très bavards.

Douche puis quelques courses dans une supérette et je retourne à l’hôtel pour me préparer un super repas : spaghetti, saucisses, yaourt, pomme !

Je prends mon vélo pour faire un petit tour en ville.

Pendant que je m’achète un sac à dos en prévision de la prochaine excursion en Mongolie, je reçois un message d’Olesya, la guide, amie de Françoise et Jean-Louis.

Nous nous fixons un rendez-vous pour prendre un pot en plein centre :

Olesya, qui parle français comme vous et moi, est une mine d’informations sur Irkoutsk et sa région. J’en apprends sur les Décembristes plus qu’en lisant tous les livres sur ce sujet. Tapez « Décembristes » ou « décabristes » dans Google et lisez l’article Wikipedia pour en savoir plus)

D’autant qu’en ce moment elle accompagne un couple de Français et la femme est une écrivaine-historienne connue (I. F.) qui s’intéresse beaucoup à l’histoire des Décembristes.

En rentrant à l’hôtel je passe devant la Maison Blanche ou Jules Vernes a fait demeurer Michel Strogoff dans son roman/:

Cette maison est à deux pas de la statue du tsar Alexandre III

Et au bout de l’avenue Lénine, Osenya me raconte l’histoire de l’emblème d’Irkoutsk, un tigre de Sibérie qui tient une zibeline dans sa gueule

Quand le blason de la ville a été fait à Moscou il y a eu confusion entre « tigre » et « castor » (il paraît qu’il y a une lettre de différence en russe) et le tigre s’est retrouvé affublé de pattes avant et d’une queue de castor !

Pour terminer, un detail cycliste : j’ai fait, au compteur de mon vélo, 5.438 km depuis Moscou et je n’ai eu à déplorer aucune crevaison ! Je trouve ça tout simplement incroyable. Mes prédécesseurs parlent de plusieurs crevaisons par jour parfois… je vais faire une publicité d’enfer pour les pneus Schwalbe Marathon Plus car ils ont été d’une résistance incroyable ! Avis aux amis cyclistes 👍

11 réflexions sur « J 053 Oussolie-Sibirskoïe – Irkoutsk »

  1. Bravo tes pneus, bravo ton pédalier, ton dérailleur et tout ton vélo….mais surtout bravo à toi. Maintenant profite bien du Baïkal qui semble te faire rêver en attendant Anne et l’escapade en Mongolie. A bientôt pour d’autres belles photos.

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  2. Waou, bravo Stéphane. Je lis tes exploits tous les jours même si je n’ai pas laissé beaucoup de commentaires. Merci de nous faire voyager avec talent et humour !
    Si vous passez par Paris avec Anne au retour, faites-moi signe. Je vais emménager dans quelques jours, ça me fera très plaisir de vous inviter à la maison
    Georges (très admiratif)

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    1. Merci Georges ! Je me répète un peu mais la seule difficulté c’est de trouver le temps pour faire ce trajet. Je suis mi-figue mi-raisin pour cette fin un peu rapide par rapport au projet initial mais l’arrivée d’Anne dans une semaine va me consoler 😊. Je vais dans l’île d’Olkhon demain, c’est aussi une découverte qui m’intrigue par avance… camping et vélo chez les chamans, tout un programme !

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  3. Merveilleux, quel beau reportage je visite avec vos yeux et surtout votre humour, merci bonne route bientôt avec Anne ce sera encore plus agréable a partager.

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  4. oh Stéphane, déjà la fin. Notre été sera plus triste, sans notre feuilleton quotidien ! Vivement la sortie du livre cet automne… J’ai le titre : « ROUTE 53, de Moscou à Irkoutsk…sur les traces de Michel STROGOFF ». 53 comme 1953, 53 comme les 53 étapes de tes 5438 km. Chapeau l’artiste de l’asphalte!

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    1. Après Michel Strogoff je vais vous faire une lecture commentée de Soljénitsyne… l’Archipel du Goulag ça va vraiment plomber l’ambiance 🙄. J’ai encore quelques aventures sous le coude ou en ligne de mire, ne serait-ce que visiter l’île d’Olkhon en vélo : un bania sur la plage et une baignade dans le Baïkal juste après… si j’en réchappe je vous raconterai ! Et après la Mongolie, tout un programme !

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  5. Nous n’avions jamais vu Olesya dans cette tenue….elle était beaucoup plus couverte…(-25° à irkoust cet hiver)
    fais lui une grosses bises de notre part;nous l’attendons en France….
    bonne promenade….et bon Baïkal
    F +J-L

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      1. j’ai oublié…dans l’ile Olkhon tu n’oublieras pas de faire valider tes pneus par le Chaman…..c’est bon pour la suite…
        tu détaillera bien ta route car ça ne me parait pas tout près… et prie pour moi…avec lui

        Genghis Kant réincarné (voir avec Olesya)
        et bonne pêche…..Omoul…..un bon barbecue en prévision près du lac….à la Tesson

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      2. Et une chapka bouriate en plus ? Les pneus et le chaman, OK. La pêche à l’oumoul… en plus c’est réglementé. Tu veux que je croupisse dans une geôle sibérienne ? Je questionnerai Olesya sur Gengis Khan réincarné. Quant à Tesson il a plus descendu de bouteilles (sans jeu de mot) que d’oumoul. D’ailleurs il les filait aux chiens. Je pense qu’il est plus amateur de Водка…

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  6. le chapeau bouriate j’ai déjà….. mais je te solliciterai peut-être pour un bonnet mongol type tireurs à l’arc du naddam…
    Patrick m’avait d’ailleurs ramené un chapeau kirghize lors de son passage en Ouzbékistan…
    bonne découverte…

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