J 057 Olkhon : rencontre avec Trien…

Dimanche 8 Juillet 2018

Après la sieste forcée sous la tente je vais me dégourdir les jambes dans Khouzir.

Dans la rue principale je vois un vélo aux allures de requin

Ça n’est pas un vélo ordinaire : il semble fait pour la randonnée mais dans un style vraiment « baroudeur ».

Poussé par la curiosité je rentre dans le café devant lequel est garé ce vélo.

Au fond de la salle un casque de cycliste est posé sur une table où une jeune femme est en train d’écrire sur un ordinateur portable.

Je m’approche et je lui demande si c’est son vélo qui est garé dehors. Elle confirme.

Je lui explique en deux mots que je suis moi aussi randonneur en vélo et je lui demande d’où elle vient.

Là ça devient compliqué car son périple est totalement démentiel : Trien (prononcez « Trrinn ») Pauwels est partie de Belgique il y a bientôt deux ans et demi et elle a traversé en vélo je ne sais combien de pays.

Ce n’est plus la peine de compter les kilomètres à ce stade là : vingt mille, trente mille… c’est la nature de son projet qui force l’admiration ! Trien avance en collectant des fonds pour UNICEF et WWF.

Nous parlons « vélo », « voyages », « rencontres »…

Trien vient de Corée du Sud. Elle a pris un ferry jusqu’à Vladivostok. Là-bas elle a logé chez un hôte Warmshowers. Puis elle est venue en train jusqu’à Oulan-Oudé (qui devait être ma prochaine grande étape en vélo et où je me rends mardi en train).

Elle a fait le trajet (qui fait un peu moins de cinq cent kilomètres par la route directe) en passant uniquement par de pistes ! J’ai vu quelques photos… impressionnant. Des journées de 25 kilomètres en poussant le vélo dans 30 cm d’eau et de boue. Un truc de ouf comme diraient les jeunes.

Trien n’est pas une frêle jeune femme : elle avoue avoir 44 ans depuis peu (le 29 Juin) et a hérité de sa Flandres natale une bonne constitution.

Mais quand même : elle voyage avec trois fois rien, dort sous la tente tous les jours, endure la pluie, les bestioles qui piquent, sans broncher.

Elle se nourrit de flocons d’avoine, de fruits secs et… d’eau (elle est végétarienne et veut devenir vegan).

Bon certes elle a de l’entraînement sur son vélo: Amérique du Sud, Turquie, Inde, Népal, Tibet, Viet-Nam, Corée du Sud, Islande, Europe, Russie… mais quand même.

Je pense que j’ai rencontré une grande dame du cyclotourisme et de l’humanitaire.

En plus de l’UNICEF et de WWF, elle a lancé un nouveau projet pour aider à la scolarisation des jeunes filles au Népal.

Elle est arrivée sur Olkhon depuis Irkoutsk en minibus (comme moi) ce qui me retire un petit complexe. Mais elle a débarqué après la traversée du ferry et est venue en vélo jusqu’à Khouzir, toujours en empruntant des pistes secondaires.

Et en cette fin de journée elle s’est arrêtée pour recharger ordinateur et téléphone et manger un petit peu.

Elle va aller planter sa tente en camping sauvage.

Je lui propose une solution intermédiaire en s’installant dans notre campement un peu organisé.

Cette solution lui convenant je la guide jusqu’à la maison et l’église de Sergey.

Comme il n’est pas chez lui, Trien plante sa tente : 5 minutes montre en main, on reconnaît la pro !

Encore 5 mn et elle a pris sa douche (froide) et fait un shampoing.

Nous retournons « en ville » pour que je mange un morceau.

Trien accepte une bière (elle n’est pas belge pour rien !) et une salade lilliputienne.

Elle m’explique son programme des mois à venir.

Elle va retourner à Irkoutsk où elle doit faire réparer la prise micro USB d’alimentation de son GPS. Mercredi elle prend le train pour Moscou. Ensuite elle monte en vélo jusqu’à Mourmansk (plein Nord vers la mer de Barents sur 1850 km). De là elle file sur le Cap Nord pour redescendre par la Norvège vers le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique.

Elle se tâte pour faire un crochet par l’Ecosse.

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je suis admiratif.

Elle me dit qu’elle a fait des courses cyclistes dans sa jeunesse (Gand-Wevelgem, Liège-Bastogne-Liege, Tour des Flandres…). C’est donc une sorte de Jeannie Longueau, à la mode flamande,qui est devant moi.

A part se prosterner humblement que peut-on faire ou dire devant un tel investissement personnel ?

Après le dîner (pour moi) nous sommes conviés par Pasha, un Ukrainien qui est dans le campement, à aller voir un spectacle où un couple, également dans notre petit camp, jongle, danse et joue avec le feu :

Décidément ce soir on nous met le feu !

Une fois le spectacle terminé c’est l’extinction des feux… pour les artistes et pour nous aussi.

A demain !

16 réflexions sur « J 057 Olkhon : rencontre avec Trien… »

      1. Grrr… encore écrit des fautes (je n’ai vraiment pas de défauts – haha -) …
        Parce que je n’ai pas de défauts (ehum), je n’ai pas supporté, même pas dans mes rêves. Heureusement que le match était pendant la nuit 😉

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  1. Rougissement des joues, ici, à 500 kilomètres d’Ulan-Ude. Mais l’admiration vient principalement d’Irkoutsk.
    Cher Stéphane, tu es un exemple pour beaucoup de gens et certainement pour moi aussi. C’est tout simplement fantastique ce que tu entreprends, d’aller tout seul sur ton vélo sans hésitation dans la Russie sauvage, pousser les pédales chaque jour pour plus de 100 kilomètres (!!!), laisser ta famille en France et tout ça à l’âge de 65 (oui, oui, je sais, c’est encore jeune ;)). Dire ‘chapeau bas’ (ou, dans ce contexte plutôt ‘casque bas’) ne suffit pas à exprimer mon admiration. Merci d’avoir croiser mon chemin, de faire partie de mon voyage et de mes ‘friends of the road’. All the best! Break a leg! Trien x

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