J 33 1071 Kafe Gostinitsa – Kozhurla

Mardi 12 Juin 2018

Si vous voulez vous faire une idée d’une ligne droite, en voici une bonne représentation :

Ce matin je commence par 14 km de travaux. Je vote une motion en faveur des ouvriers des travaux publics russes : ce sont mes meilleurs supporters ! Viva et applaudissements me sont servis par les équipes éparpillées le long du chantier.

Je n’en suis pas encore à signer des autographes, mais j’ai déjà un stylo prêt pour cet usage – si le besoin s’en fait sentir.

En attendant ils vivent à la dure. Voici une cantine qui date de… il y a quelques temps !

Mais le matériel utilisé pour refaire les bandes de roulement des routes est moderne et les chantiers ont l’air d’avancer bon train. Mais quand on a 10.000 km de ligne droite à entretenir, ça ne doit jamais se terminer.

Après une pause déjeuner au bout de 80 km, j’arrive à destination à 17H45 après 6 km d’une route qui a dû servir de terrain d’entraînement aux fameux chars T72 fabriqués à Omsk. Quatre heures plus tard j’ai encore les dents qui s’entrechoquent.

Arrivé à mon café-étape je n’ai pas d’autre choix que d’installer ma tente. Pas de bania ce soir, mais pas de douche non plus.

J’ai privatisé un petit auvent picnic. Je suis à 10 m du Кофе et ma tente se fond dans le paysage

(Elle est à gauche sur la photo…)

Repas simple et je rédige mon article de blog tranquillement.

Demain je dois trouver un hôtel à l’arrivée de mon étape.

En attendant faisons un peu le point sur le trajet de Michel Strogoff..,

J’ai laissé le courrier du tsar à Moscou avec, en poche, une missive de la plus haute importance à remettre à l’archiduc, frère du tsar, qui se trouve dans une situation fâcheuse à Irkoutsk, la grande ville juste avant le lac Baïkal.

Six mille kilomètres, et sans vélocipède.

Michel Strogoff, doté d’une identité d’emprunt, va prendre le train Moscou – Vladimir – Nijni Novgorod. Ces villes nous les avons traversées ensemble, donc vous connaissez un peu.

Mais dans le train Michel Strogoff rencontre une jeune fille, Nadia, qu’il prend sous son aile. La jeune Nadia va rejoindre son père exilé à Irkoutsk. Et lui apprendre la nouvelle du décès de son épouse, la mère de Nadia.

Arrivé à Nijni-Novgorod, la ville est bloquée et seul un officier du tsar, porteur d’un laissez-passer, peut sortir de la ville.

Michel Strogy fait passer Nadia pour sa sœur et ils embarquent sur la Volga, direction Perm.

C’est sur la Volga que Michel Strogoff voit des chalands « chargés à couler bas, noyés jusqu’au plat-bord » (comme ceux que j’ai vus à Omsk).

Ils atteignent Perm où la route se poursuit en telegue, voiture avec 3 chevaux, un cocher et deux passagers.

La route traverse l’Oural en direction de Ekaterinbourg.

Dans la traversée de l’Oural Michel Strogoff sauve Nadia qui n’a pu abattre un ours avec deux revolvers. Michel Strogoff d’un seul coup de couteau transforme l’ours en descente de lit.

Pendant ce temps le félon Ogareff a pris une autre route pour rejoindre Perm, route qui rejoint la route traditionnelle à Ishim (nous sommes passés là il y a peu…).

Les deux routes convergent vers Omsk, ville où Strogoff et Ogareff vont s’affronter… lors d’un prochain épisode !

A demain… si vous le voulez bien.

Au fait si l’envie vous vient d’aller faire un tour en Russie (coupe du monde de foot, croisière sur la Volga, traversée en vélo…) je vous recommande « Russie Autrement » qui s’est occupé de l’obtention de mon visa un peu spécial pour mon séjour de 3 mois. Nous avions utilisé leurs services pour un séjour plus court en fin d’année et là aussi ils s’étaient montrés très efficaces. Voici un lien vers le site de Russie Autrement.

J 32 Motel’ – 1071 Kafe Gostinitsa

Lundi 11 Juin 2018

Etape un peu plus courte aujourd’hui (128 kilomètres sur le papier).

Le soleil brille, j’ai bien dormi.

Juste après le départ je rentre dans l’Oblast de Novossibirsk

C’est bon pour le moral

Les kilomètres passent vite.

Je franchis le panneau des 1.001 kilomètres depuis Tioumen.

La campagne est belle : j’ai l’impression d’être dans le parc (gigantesque) d’un château ou de longer un parcours de golf de plusieurs centaines de trous !

Même la circulation est plus calme.

Le revêtement de la route est bon. Les kilomètres défilent rapidement, un vrai plaisir.

Laurent qui est à Vannes m’indique une chapelle sur mon trajet…

Elle est bien là où Laurent me l’avait annoncé, de même qu’un poste de contrôle routier 20 km plus loin, comme il m’en avait prévenu par internet… je ne sais pas si je dois l’appeler « Guide Michelin », Waze ou Coyote !

Sur la route je fais le recensement des hôtels pour Sven qui m’a demandé de lui noter quelques adresses en cours de route pour son voyage de l’an prochain.

J’arrive à mon étape un peu avant 17H : 129 km au compteur et 6H sur le vélo. Les 20 km/heure ont été dépassés aujourd’hui grâce au vent favorable.

Mon hôtel s’appelle « 1071 Gostinitsa » car il est situé au kilomètre 1071 depuis Tioumen, vous l’aviez deviné bien sûr.

J’essaie de négocier le prix de la chambre mais rien à faire… du coup je prends une chambre sans sanitaire, d’autant qu’il y a des douches et un bania (баня) juste à côté de l’hôtel.

Il est un peu rustique ce bania

mais ça fait du bien :

Je ne pensais pas que je pouvais encore transpirer autant après une journée de vélo.

En allant au bania je croise un motard qui me demande en anglais si le vélo sur le palier est à moi. Je lui réponds que « Yes, it’s mine » et j’enchaîne en lui demandant « Where are you from? ». Il me répond évidemment « From France » ! Mes premiers français depuis un mois… ça fait plaisir. Ils sont 3, venus en moto de Clermont-Ferrand et se rendent en Mongolie.

Ils ne vont pas rester car ils cherchent un hôtel avec du WIFI : ils n’ont pas de carte d’opérateur russe, ce qui me semble indispensable. On ne trouve pas de WIFI dans tous les hôtels ou restaurant (la preuve ce soir…) et quand on est sur la route il n’y a que le téléphone cellulaire qui peut vous relier au monde, en cas de panne par exemple.

Dommage, je me faisais déjà un plaisir de passer une soirée française !

Lessive, repas, étape du lendemain, lire et répondre aux mails, aux messages Skype, aux commentaires du blog, donner des nouvelles à la famille… la soirée passe trop vite, même si elle est agrémentée par le passage de quelques clients dans le café de l’hôtel

(Cette photo est dédiée à Alain et à mon beau-frère Yves qui s’inquiètent tous deux du milieu camionneur-masculin que je fréquente actuellement… il n’y a pas que des hommes en Russie, rassurez-vous).

Et voilà la trente deuxième journée est terminée !

A demain… si vous le voulez bien !

J 31 Omsk – Motel’

Dimanche 10 Juin 2018

J’arrive à mon rendez-vous avec Youri et Natalia, à 6H et quelques poussières de minutes après une petite traversée d’Omsk en vélo de bon matin… je commence à avoir mes repères.

Youri arrive une minute plus tard, suivi quelques instants après par Natalia.

Comme Youri doit bricoler quelque chose sur son vélo, Natalia m’emmène dans un bar juste à côté.

Natalia me dit qu’ils sont ouverts 24/24.

En fait ils vont seulement ouvrir dans 3/4 d’heure à 6H55.

Je pense que dans une situation normale, n’importe où sur la Terre, ça serait un refus poli de nous servir. Ici on met les percolateurs en route, on prépare un thé aromatisé pour moi et tout ça nous est offert par la maison ! Encore une fois l’hospitalité et la gentillesse Russes n’ont pas de limite. Merci à eux !

Ensuite en route, d’abord le long de l’Irtych avec ses péniches bien chargées

Il faut que je retrouve l’expression employée par Jules Verne pour parler des péniches russes à Perm je crois, chargées « à couler ».

Youri fait des selfies en se perchant en équilibre sur la margelle le long du quai

Nous quittons Omsk par des petites routes connues des habitués comme Youri et Natalia.

En quittant la ville nous passons devant 2 chars russes, T72 et T80

Youri m’explique que c’est une des plus grosses activités d’Omsk, fabriquer des chars d’assaut. Il est lui-même ingénieur dans l’entreprise qui les produit.

C’est sous le soleil que nous avançons à bonne allure.

Quarante kilomètres : pause petit déjeuner là où on trouve le meilleur solianka d’après Youri.

La salle est belle et on y voit un magnifique samovar ancien d’après Youri qui les collectionne

La route reprend de plus belle.

Au kilomètre 70, nouvelle pause. Youri et Natalia sont vraiment deux personnes adorables : Youri avec sa grosse voix arrêterait un orage j’ai l’impression. Natalia, toute en douceur le complète à merveille.

Ils se sont rencontrés il y a deux ans dans la boutique d’Eldar : elle venait faire réparer son vélo et c’est Youri qui s’en est occupé 😜

Ils me disent qu’ils vont encore faire 30 km avec moi… quel courage !

Nous repartons, toujours bon train.

Natalia crève en route. Youri répare ça en deux temps trois mouvements et nous arrivons avant 14H 30 au km 100.

Nous prenons un pot tranquillement et je pense à eux qui doivent faire 100 km pour rentrer… je suis admiratif !

Mais Youri me dit qu’ils prennent le train dans une gare à côté… je commençais à les prendre pour des bioniques man et woman !

Il n’empêche que m’accompagner sur 100 km dans cette étape ça m’a fait beaucoup de bien

Encore des amis que je vais regretter !

Mais il me reste 45 km à faire.., en route !

A 18H20 l’étape est bouclée et je m’installe dans un motel propre et fonctionnel dont voici le lien Google Maps si jamais vous passez par là

Motel’

Oblast d’Omsk, Russie, 646914

https://goo.gl/maps/B8BZNaYo5Qk

Je me couche de bonne heure !

Demain matin on roule… encore 1 km et j’aurai 3.000 km au compteur !

A bientôt !

J 30 Omsk

Samedi 9 Juin 2018

Ma journée commence par un peu de travail de géographie sur l’ordinateur qu’Alexey a laissé à ma disposition. Je revois quelques étapes que je charge sur mon GPS, tout va bien.

Ensuite je pars visiter Omsk : c’est ma journée anniversaire donc je commence par quelques emplettes en guise de cadeau d’anniversaire 😊 : un tee-shirt, un mug en métal, des couverts de camping pliants…

En route je croise un couple de jeunes mariés… photo !

Sur les bords de l’Irtych les habitants d’Omsk viennent se promener, pêcher, jouer au volley-ball. C’est Omsk-Plage avec un beau soleil.

La statue patriotique d’Omsk :

Ensuite je retourne chez Eldar et son magasin « New Athletics » comme il le dit lui même en anglais.

Pendant que le groupe de musiciens s’installe je vais dans un magasin Krasnoe & Belloe (vins, spiritueux, boissons…) acheter de l’Aperol, du prosecco et du tonic : Spritz pour le pot de ce soir !

(On voit à fond de la photo Eldar en train de servir une cycliste)

Les musiciens interprètent des chants traditionnels mais aussi de la musique folk américaine

Groupe

Groupe 2

Groupe 3

Pendant ce temps-là Youri, le mari de Natalia qui tient le clavier, fait l’animation, me fait applaudir, avec une voix de stentor !

Je ne sais vraiment pas pourquoi il a besoin d’un micro !

Les musiciens enchaînent les morceaux…

Groupe 4

Évidemment les festivités se poursuivent un peu tard pour un cycliste qui doit partir demain matin assez tôt pour une étape de 137 km…

Mais c’est sympa cette petite fête !

Avant de partir Youri me dit qu’il va m’accompagner en vélo demain matin avec son épouse Natalia !

Rendez-vous à 6H devant la boutique d’Eldar.

Bon, et bien il va falloir partir à 5H30 de chez Aleksey pour être à l’heure !

Je rentre à 21H… juste le temps d’aller au supermarché du coin m’acheter des pâtes, des saucisses, de la sauce tomate et du fromage.

Repas vite fait, vaisselle, rangement de mon barda, il est une heure du matin quand je me couche avec le réveil à 4H 45… la nuit sera courte !

Mais on ne fête pas son anniversaire en Russie tous les jours ! 😀

J 29 Out of Nowhere (55.4986,72.7999) – Omsk

Vendredi 8 Juin 2018

Un petit coup d’œil à la station service fantôme avant de partir (elle n’apparaît sur aucune carte, comme l’hôte où je viens de dormir…)

Finalement j’ai bien eu raison de m’arrêter hier soir, car ce matin ça roule plutôt bien. Une heure et vingt minutes pour les 36 premiers kilomètres, qui correspondent à ce qui aurait pu être mon étape hier soir.

Je suis certain que j’aurais mis 3 heures hier soir… sans vent (et reposé) ça change tout !

Un gigantesque complexe pétro-chimique avant d’arriver à Omsk :

Dès mon arrivée je me rends dans le magasin de vélo d’Eldar qui m’attend de pied ferme pour quelques petites interventions mécaniques.

Le Nouvel Athlète, magasin, atelier, service :

Avant que je m’en aille Eldar me donne rendez-vous pour une petite fête… en mon honneur (c’est mon anniversaire demain !).

Donc je suis attendu ici à 17H.

En attendant je me dépêche de retrouver Alexey qui me conduit à son appartement

Nous passons le long de l’Irtich

Ensuite les parents d’Alexey viennent nous chercher pour un diner dans leur maison.

La soirée commence par un bania, le sauna russe où on se fait flageller par des branches de bouleau !

Expérience intéressante, mais je n’arrive pas à me décider si c’est quand on flagelle ou quand on est flagellé que l’on fait le plus circuler le sang !

Ensuite les plats se succèdent : bortch froid (façon gaspacho), volaille dorée aux lentilles…

Ensuite les parents d’Alexis, Nicolaïsme et Veronica, nous raccompagnent en me faisant visiter la rue Lénine, la plus importante d’Omsk.

Alexey à côté de Labouchka, fille d’un gouverneur d’Omsk, au 19ème siècle, avec un livre de Pouchkine à la main.

Et la statue la plus célèbre d’Omsk, Stefanitch… un égoutier qui symbolise les travailleurs d’Omsk.

Mon blog est un peu « bâclé », j’en suis désolé mais ma journée de repos a été très occupée du matin jusqu’à plus de minuit… on n’a pas tous les jours 65 ans !

Donc la suite des aventures à Omsk en fin de journée…

J 28 Krutinka – Out of Nowhere (55.4986,72.7999)

Jeudi 7 Juin 2018

Je pars un peu dans l’inconnu après ma nuit sous la tente (qui s’est très bien passée malgré les arrivées et départs nocturnes des poids lourds… je n’ai rien entendu !).

Il me reste 186 km à faire pour arriver à Omsk. L’idéal serait de faire une centaine de kilomètres aujourd’hui et le reste vendredi. Mais pas d’hébergement possible avant Krasnyy Yar à 140 km de mon « camping » de la nuit…

Je pars tôt en me fixant comme objectif d’atteindre Krasnyy Yar, mais de m’arrêter en route si je trouve un endroit adéquat ou si je suis trop fatigué.

Le vent se lève et il est de plus en plus face à moi mais le profil de la route est complètement plat (petite vidéo)

Vers 13H je m’arrête dans un Café : 84 km depuis le départ… je suis rincé. Mais après un repas copieux et des poignées de mains échangées avec des Kazakhs d’Astana qui n’en reviennent pas de me voir ici en vélo, je repars motivé pour les 56 km restants.

Motivé mais je prends des rafales de vent en plein nez. J’avance entre 9 et 14 km/heure…

À 17H j’atteins un point où j’avais noté une station service « potentielle » : à 200 m sur la droite… un « motel » pas très grand mais qui semble correct.

Je pense que je peux continuer mais l’étape de demain n’est pas longue donc ça ne sert à rien de forcer : je m’arrête après 110 km et je vais m’installer dans ce petit hôtel de campagne avec des fermes, des chevaux.

C’est confortable, propre et accueillant

A part la rencontre avec les Kazakhs, rien de bien mémorable aujourd’hui.

Demain je suis attendu vers 12H à Omsk chez Alfaro qui a un atelier de réparation de vélos. J’ai prévu une petite révision générale.

Puis Aleksey qui va m’héberger soit chez lui, soit chez ses parents car il part dimanche.

On verra !

Bonne journée à vous

J 27 Abatskoe – Krutinka

Mercredi 6 Juin 2018

L’administrator de mon bâtiment dans l’hôtel Abat, mention spéciale « gentillesse-serviabilité » pour elle.

Dans le Tour de France on dirait « journée de transition », non pas que je me prenne pour un coureur du Tour de France mais aujourd’hui je change d’heure !

Je passe à l’heure d’Omsk, soit +4 heures par rapport à l’heure française.

Il faut dire que je suis pas mal à l’Est puisque je suis sur le même méridien qu’Astana (Kazakhstan) ou Islam Abad (Pakistan).

J’ai déjà dépassé Kaboul en Afghanistan, preuve que notre planète est un petit terrain de jeu.

Mais à mon échelle les kilomètres comptent quand même et aujourd’hui je n’ai que 84 kilomètres à faire.

Et ça tombe bien parce qu’outre l’heure en moins, aujourd’hui je suis un peu gêné par le vent, l’état de la route et des zones de travaux avec sens de circulation alternée ou rainurage.

Le paysage me fait toujours penser à la Sologne : des zones marécageuses, des bosquets, des zones de forêt, des champs bien cultivés, des prairies…

En partant d’Abatskoe je fais une photo de la rivière Ishim qui coule à l’Est de la ville :

Je fais même une petite vidéo… quand une voix, sortie de hauts parleurs disposés sur le pont, m’enjoint de quitter prestement les lieux…! Je ne sais pas ce que cette rivière et ce pont avaient de particulier mais visiblement j’étais en infraction avec un règlement quelconque.

En cours de route deux motards anglais me doublent et s’arrêtent 200 mètres plus loin pour bavarder avec moi. Ils partent en Mongolie. Vigoureuses poignées de mains, échanges de souhaits de bonne chance et on se quitte après avoir fraternisé quelques instants. Ça fait du bien !

Je fais 74 km avant de trouver de quoi me restaurer

Je suis au km 427 (depuis Tioumen). Hier j’avais déjeuné au km 297… c’est pratique pour mesurer les distances parcourues.

Mais aujourd’hui il ne me reste que 10 kilomètres à faire après cette pause déjeuner pour arriver au motel Uyut.

En arrivant à destination je vois les camions qui « campent » sur le parking, à côté du quel de trouve un joli petit bois.

Donc je demande si je peux planter ma tente et venir, comme les routiers, prendre une douche… aucun problème.

Aussitôt dit, aussitôt fait..,

Ensuite la douche à 200 roubles (2,80 €) : salle de douche individuelle avec WC et lavabo, séche-cheveux. On vous donne une serviette, savon et thé plus du sucre !

Ensuite vite le dîner et au lit (un peu de blog à rédiger).

Demain j’ai prévu… d’avancer mais l’arrivée n’est pas encore très définie, je verrai en fonction de l’état de la route, du vent et du cycliste.

Encore merci à Laurent de Vannes qui me suit pas à pas, roue à roue devrais-je dire, du matin jusqu’au soir.

Et merci aussi à Boris qui suit avec attention ce périple sur la terre de ses ancêtres… жить казаками !

À bientôt !

J 26 Golyshmanovo – Abatskoe

Mardi 5 Juin 2018

Le réveil sonne de bonne heure pour une étape plutôt longue.

Mais la nuit a été un peu chaotique suite à une petite intoxication alimentaire avec un Snickers qui a dû être stocké depuis six mois sur un radiateur…

Je savais que je faisais une erreur en le mangeant, mais la gourmandise l’a emporté sur la raison…

Ces réveils multiples m’ont permis d’entendre la pluie tomber de façon continue.

Donc je pars mi-figue mi-raisin, sur une chaussée bien mouillée et un ciel bien chargé.

Au bout d’un kilomètre il se remet à pleuvoir et je m’équipe en tenue de cosmonaute.

Il ne pleut pas bien fort et au bout d’une heure et demi je commence à percevoir l’ombre d’un cycliste (la mienne)… le soleil a l’air de vouloir revenir.

Opération inverse : on enlève la tenue de cosmonaute.

A peine ai-je enlevé le casque que je sens que le haut de mon crâne est pris d’assaut par un nuage de moustiques qui s’en servent comme d’un porte-avions, pour mener des attaques en dessous de la couverture radar (derrière ma nuque).

Et tout ça sans ultimatum ni déclaration de guerre… on est en train de me refaire Pearl Harbour, en Sibérie qui plus est !

Après en avoir écrasé un, je décide quand même d’utiliser les armes chimiques tant décriées actuellement : je me pulvérise de produits anti-moustiques a tel point que j’en ai sur la lèvre, et donc dans la bouche. Je comprends instantanément qu’avec ce produit (Russe) je vais être bien protégé… si je ne meurs pas moi-même d’empoisonnement ! Ma lèvre devient insensible, comme anesthésiée.

Bon, je crois qu’il est temps d’arrêter les tests alimentaires douteux.

Je repars pour la suite de mon étape avec un peu de soleil.

La plaine est immense.

Vous dites ? Morne plaine ? Non…

Il y a toujours quelque chose à voir.

Devant moi un troupeau d’une trentaine de chevaux (juments et poulains) sont tranquillement en train de brouter l’herbe verte.

Évidemment l’arrivée d’un velocipèdiste les dérange beaucoup plus que les camions qui passent à 100 km/heure à côté d’eux.

Ils décampent devant moi mais au lieu de rester dans leur aire de jeu, ils décident que la route nationale est plus opportune.

Il s’ensuit un joli embouteillage, les camions étant bloqués par les canassons.

Enfin ils finissent par comprendre qu’ils seraient mieux ailleurs et traversent pour aller s’ébattre dans des labours… ouf !

Je me sens un peu responsable mais a-t-on idée de laisser des chevaux en liberté le long de la route E30…?

J’arrive à Ishim à 12H et quelques après un peu plus de 70 km parcourus

Ishim se trouve à l’intersection de deux routes venant de la Russie centrale, en direction de la Sibérie.

La route que j’ai empruntée, sur les traces de Michel Strogoff (et du transsibérien), route qui franchit l’Oural entre Perm (la ville aux oreilles salées si vous vous souvenez, sur la Kama) et Ekaterinbourg.

Et la route qu’a emprunté le félon du roman de Jules Vernes, déguisé en bohémien, et qui relie Perm à Ishim, directement, mais sans ville étape.

Les deux routes convergent ici, ce qui a fait d’Ishim une ville de grandes foires.

Aujourd’hui on y fabrique des remorques… autres temps, autres mœurs !

Je continue ma route, désireux de me restaurer.

Au kilomètre 297 (depuis Tioumen) se trouve le café du même nom.

Allons-y pour le menu-skieur… euh, non, cycliste.

Je repars requinqué pour les 48 derniers kilomètres que je boucle en deux heures et quelques! (OK, la route est en légère descente, je sais).

Sur la route un petit coup d’œil sur une route secondaire :

Elle dessert un village du nom de Makarova. Je gage qu’on roule en 4×4 ici.

En tout cas le paysage est splendide : on se croirait dans le désert, un désert où les bouleaux remplaceraient les dunes :

Enfin j’arrive à Abatskoe, (petite vidéo), destination de ce soir, 30 mn avant la pluie (hé hé !) dans mon hôtel, cantine, magasin, pharmacie :

On doit être dans une coopérative municipale ici : tout est organisé, hiérarchisé, un ou une responsable à chaque endroit…

Je recommande : c’est propre et tranquille, avec toutes les facilités sous la main .

La suite de la route vers Omsk… demain !

😀😎

J 25 Sosnovka – Golyshmanovo

Lundi 4 Juin 2018

Je viens d’arriver dans mon hébergement de ce soir, à côté de la ville de Golyshmanovo

Ça n’est pas vraiment une étape touristique comme vous pouvez vous en douter.

Premier avantage de l’endroit (probablement le seul…), je suis au chaud ! Comme de nombreux endroits en Russie le chauffage semble un élément majeur du confort.

Donc ici c’est bien chauffé. Pour le reste (et si ça vous intéresse) allez voir les commentaires sur Google et vous serez content de ne pas passer cette soirée avec moi !

Même le Snickers ( format « bolchoï », c’est à dire « grand ») que je viens d’acheter a dû passer sa vie sur un radiateur pour avoir cette belle couleur de chocolat hors d’âge !

Mais je suis bien ici, à l’abri du vent qui m’a gentiment poussé. Toujours frisquet le vent, mais un énorme avantage : pour l’instant zéro insecte volant de la famille des moustiques ou des taons. A quelque chose malheur est bon…

Je ne vais pas vous faire saliver avec mes repas pantagruéliques mais ce matin j’ai dégusté des crêpes (Блины ou bliny) qu’on aurait cru sorties d’une crêperie bretonne : tout y était même le (ou la) bilig (ou billig, avec deux L) à krampouz

Ajoutez une bonne ration de lait concentré et vous repartez, serein, pour 60 km dans le froid !

En tout cas vous ne mourrez pas de faim en Russie : les plats sont bons et nourrissants et satisfont mon appétit de cycliste.

Les paysages que je traverse en ce moment sont très cultivés : je vois au loin (comme c’est très plat ça peut être 2 ou 3 kilomètres à l’avance) des tracteurs lilliputiens qui s’avèrent être de gros engins quand je m’en rapproche.

À mon passage tous les oiseaux s’envolent alors que camions et voitures les laissent indifférents. Ça me permet de voir des pies, des aigrettes, des buses s’envoler à deux mètres de mon vélo. Même résultat avec les chevaux qui s’enfuient en galopant quand je m’approche.

Dommage de ne pas faire le même effet sur les chiens.

Pas mal d’encouragements de camions, voitures aujourd’hui et également d’une bande de motards allemands en route vers l’Est comme moi : ils m’ont tous salué de la main en me doublant.

Et les motards que je croise me font souvent un signe comme s’ils croisaient un de leurs amis en moto… c’est sympa !

Je suis arrivé tôt ici, donc je me repose en vue de l’étape de demain qui va friser les 140 km.

Je vais aussi vérifier l’état du vélo qui est mon fidèle soutien sur mon escapade russe !

Bonne fin de journée à vous !

J 24 Tioumen – Sosnovka

Dimanche 3 Juin 2018

Pause cafe à 9h après un départ de Tioumen à 7H.

Un peu de soleil pour partir.

Route tranquille, peu de circulation.

Dans la catégorie « petits désagréments », mon compteur vélo ne fonctionne pas (je m’en occuperai ce soir, en attendant celui du GPS suffira)

Dans la catégorie « gag », une automobiliste en sens inverse s’arrête et s’adresse à moi pour me demander sa route. D’abord décontenancé je l’ai dépassée puis fait 1/2 tour pour lui expliquer que « moi pas Russe, français ». Elle tend la main pour m’en serrer 5 avec enthousiasme et elle me dit qu’elle vient de Novossibirsk et qu’elle va à St Petersbourg. Je lui explique que je viens de Moscou et que je vais à Irkoutsk, Baïkal… J’ai encore droit à une poignée de mains. Et je lui dis qu’elle est sur la route de Tioumen et que c’est karracho (Bon)… Maintenant c’est à moi qu’on demande la route en Russie, c’est la meilleure !

Catégorie « j’ai eu chaud aux fesses »: 3 molosses qui surgissent d’un parking pas fermé et qui commencent à me courir après. Malgré la petite centaine de mètres d’avance j’ai commencé à vérifier mon taser et mon coutelas, tout en appuyant sur les pédales. Je ne sais pas ce qui les a dissuadés de me rattraper, je pense que ça n’aurait pas été difficile pour eux. Peut-être la circulation ou le conducteur d’une fourgonnette que je venais de doubler alors qu’il était arrêté sur l’accotement et qui venait de redémarrer derrière moi au moment où les chiens se sont mis à galoper à mes trousses.

Après midi la pluie, pas trop violente, se met à tomber de façon continue.

Le vent depuis ce matin est de côté ce qui favorise moins ma progression.

Sur la route un automobiliste, arrêté sur le bas côté, me demande si c’est bien la route d’Omsk… décidément je vais me transformer en Bison Futé !

A 16h30 j’ai bouclé les 129 km et j’arrive dans un centre de vacances où , avec l’aide d’Irina, j’ai réservé une chambre. C’est l’Aquatoria de Sosnovka :

Heureusement que j’ai réservé car je suis le seul client et je ne suis pas sûr qu’un passage à l’improviste m’aurait permis de dormir ici.

J’ai une belle chambre dans un des chalets du complexe

Quelques attractions au bord d’une rivière (l’Uk) :

Et des animaux composent le décor de ma soirée

(Je vous ajouterai quelques autres photos quand j’aurai une connexion internet plus rapide…)

Ensuite retour « en ville » pour trouver le magasin du village:

Sosnovka

et on rentre les vaches

Sosnovka cow-boy

Demain petite étape d’environ 100 km. Il en reste 525 pour Omsk, à faire en 5 jours.

À bientôt !