J 12 Agryz-Votkinsk

22 Mai 2018

Le temps a passé vite aujourd’hui… j’ai changé de fuseau horaire et il a fallu avancer ma montre d’une heure (en fait elle le fait toute seule bien entendu).

Donc mon départ à 7H s’est transformé une demie heure plus tard en départ à 8H.

Départ d’Agryz sans encombre. Pour info cette ville s’est créée sur un noeud ferroviaire dans les années 30 et elle est devenue une vraie localité centrée sur cette activité du rail. Ça s’entend si vous laissez la fenêtre de votre chambre d’hôtel ouverte 😬.

L’étape suivante, sur le trajet vers Votkinsk, est la ville d’Ijevsk. Avec plus de 630000 habitants c’est une ville qui semble vivre également avec le ferroviaire (mais aussi automobile puisque j’ai entendu parler d’une usine Renault). En tout cas c’est très industriel et grouillant de vie.

Par contraste le petit musée du chemin de fer est désert et la pauvre locomotive ignorée montre le destin de la bête humaine..

On trouve encore des tramways nommés « désir », pas pour leur côté rétro mais je ne sais pas qui fait le casting des conductrices mais on dirait qu’une armée d’Adriana Karembeu a décidé de prendre les commandes de ces engins antédiluviens.

Tramways qui me vaudront ma première chute du voyage en dérapant sur le rail… c’est comme ça que le métier rentre…

Tout en négociant sur internet ma nuit à Perm avec des membres de Warshowers.org, je quitte Ijevsk sans trop de regrets…

Ma route se poursuit dans des faubourgs industriels, puis campagne, puis cul de sac intégral… ma trace Google m’entraînant dans un hameau perdu, traversé de sentes en terre défoncées dont un tronçon de 20 recouvert de verre concassé :

Je ne sais pas s’ils ont voulu renforcer le chemin par du verre pilé ou si un chargement de baies vitrées est tombé ici mais le résultat est que je traverse un champ pour éviter la crevaison qui m’attendait…

Je suis obligé de faire demi tour et de planifier une nouvelle route. Au total 15 km en plus et 2 heures de perdues 😳. Ça m’apprendra à faire des tracés Google Maps piétons… Et Sven m’avait bien dit :  » I only take pig roats » (je ne prends que des grandes routes… avec une pointe d’accent germanique).

C’est donc vers 19H que j’arrive à mon hôtel après avoir traversé Votkinsk avec un vent toujours favorable mais fort

Joli lac dans la ville

Et petit hôte « de charme » niché au fond d’une petite rue à l’image de mon trajet d’aujourdhui… vive le VTT !

J 11 Munayka à Agryz

21 Mai 2018

Un dicton marin dit que « petite pluie abat grand vent ». Je m’attendais donc ce matin à trouver un peu moins de vent, après l’averse tombée hier soir.

Il faudra juste que je me rappelle que l’endroit où je me trouve est suffisamment éloigné des zones marines pour que les dictons qui s’appliquent en mer n’ont aucun effet ici.

Donc ce qui a baissé ce matin ça n’est pas le vent mais la température. De la buée sort de ma bouche quand j’expire.

Pour moi c’est un signe de fraîcheur ambiante évident. Je me couvre d’un coupe-vent léger mais je conserve mon short.

Je vais regretter jusqu’à midi ce choix car il fait non seulement froid mais le vent n’a pas tellement baissé, sauf qu’il souffle de face maintenant.

Néanmoins je m’attelle à ma tâche de cyclotouriste avec optimisme et ardeur.

L’étape n’est pas très longue et sans point particulier donc j’ai le temps de vous faire une digression sur ma play-cyc-list (entendez par là ma liste de musiques favorites à écouter en vélo).

Elle va de Bashung à Françoise Hardy en passant par Christophe, Johny, Francis Cabrel… etc.

Donc c’est très éclectique mais je recommande vivement David Bowie dont le titre Modern Love permet de se surpasser dans les montées sérieuses. Je suppose que ça marche aussi pour d’autres sports mais pour le vélo c’est top !

Ensuite j’ai un titre fétiche pour démarrer c’est Tôt le matin de Gaël Faye. Je ne saurais trop vous recommander d’écouter les paroles de cette chanson : Gaël Faye est un grand écrivain et ses textes ont du sens, surtout quand vous décidez de quitter votre zone de confort. Tout ce que dit Gaël Faye dans cette chanson colle à mon projet…

Tous ses textes ont la force d’une poésie qui se bat avec des armes à fleurs, comme il le dit lui-même.

On m’a fait connaître récemment Pinetop Perkins (Pinetop is just top), extraordinaire virtuose de Boogie Woogie (je sais que je ne devrais pas le réduire à ça).

Sinon dans les musiques entraînantes, j’aime beaucoup Lescop. J’ai toujours aimé Philip Glass et sa musique répétitive, mais je peux aussi écouter la Flûte Enchantée.

C’est pas tout ça mais revenons à la journée d’aujourd’hui…

Mon trajet quitte la R280 en traversant Alnashi; ça commence par une belle montée annoncée à 11%.

Motivé je mouline sur mon dernière pignon mais je suis arrêté dans mon élan par un papa et son petit garçon qui se sont garés devant moi : il veut photographier son fils avec moi… Je sacrifie volontiers à sa demande et nous faisons quelques photos sur le bord de la route

Pour me remercier il tient absolument à m’offrir un cornet de glace (bienvenu pour se remettre de la montée).

Il s’intéresse à mon itinéraire pour rejoindre Agryz et me prévient que la route est « en mauvais état sur plus de 5 km… ».

Je les quitte motivé pour attaquer cette mauvaise portion de route.

En fait c’est une route en terre :

Pour les voitures qui roulent sur l’autoroute c’est peut-être gênant mais en ce qui me concerne je commence à être rôdé au bas-côté terreux, donc rien de bien gênant à part une montée verticale sur 100 m.Sinon c’est tranquille, champêtre… une route de rêve pour moi !Je tombe sur quelques ouvriers qui travaillent sur un pont et font la pause. Je m’arrête pour une causette de politesse. Quand ils apprennent que je suis français j’ai droit à des poignées de mains chaleureuses et à des encouragements dignes du Paris-Roubaix, ça fait vraiment plaisir ! Je leur demande si l’asphalte c’est pour bientôt et je comprends (presqu’à regret) que c’est bientôt fini.Effectivement je traverse un gentil village Que je traverse tranquillementhttps://youtu.be/VEZ6ze4XnTY

Jusqu’à un tout petit magasin où je m’approvisionne en vue de mon déjeuner. Et c’est la fin de la route en terre.Après un petit bois sympathique mais qui se trouve être le cimetière du village, je trouve un petit abri pique-nique, en piteux état certes mais c’est déjà pas mal…Le soleil est revenu 😊Le vent ne s’est pas envolé, loin de là.Je repars pour 40 km à vitesse de tortue… dure fin d’étape.Mais j’arrive à Agryz vers 16H15, bien content de trouver mon hôtel et sa douche!

J 10 de Katmysh à Munayka

20 Mai 2018

J’ai dormi comme un loir dans ma chambre et c’est bien reposé que je reprends la route ce matin.

Le vent souffle très fort, heureusement dans la bonne direction pour moi.

Ça facilite bien les choses et je m’aperçois vite que j’en ai besoin aujourd’hui car je somnole comme une marmotte.

Je fais quand même un peu plus de 70 km dans la matinée (grâce au vent favorable) et je passe allègrement le panneau des 1.000 kilomètres de l’autoroute M7

Je roule en pleine campagne, propulsé par ce vent d’ouest qui amène quelques nuages.

Après la pause déjeuner je continue mon trajet sur l’autoroute au lieu de bifurquer vers des routes secondaires : je ne veux pas trop traîner avant la pluie…

Anne m’appelle pour me dire que l’hôtel que j’ai prévu ce soir n’est pas un hôtel.

Il faut donc que je trouve un autre lieu pour dormir. Avant la ville de Mendeleïevsk je m’arrête dans un café (Diligans, la Diligeance) et je leur demande s’ils sont un hôtel (en russe de cuisine). Malheureusement non.. Autre question : y-a-t-il un hôtel pas trop loin ? Oui en sortant c’est à droite. A quelle distance ? Combien de kilomètres ? Comme je n’ai pas l’air de bien comprendre la patronne sort avec moi et fait le tour de la maison. Pour me faire entrer… dans l’hôtel par la bonne porte.Comme quoi les choses sont simples dans la vie, il n’y a que la communication qui ne l’est pas toujours…A bientôt !

P.S. du coup j’ai raccourci mon étape de 12 kilomètres, mais ça n’est pas plus mal car celle de demain ne fait que 89 km donc ça va réguler un peu la longueur de ces deux étapes.

Et je ne regrette pas non plus cet arrêt un peu anticipé, car il s’est mis à pleuvoir juste après mon installation dans ma chambre.

J 09 de Kazan à Katmysh

19 Mai 2018

Journée très agréable pour un cycliste avec un vent favorable et peu de dénivelés positifs.

La sortie de Kazan s’est faite sans la moindre difficulté, avec un petit passage devant le stade où les Bleus vont entamer leur Coupe du Monde le 14 Juin sauf erreur.

Ensuite quelques « likes » non-virtuels de la part de passants ou d’automobilistes : ça fait plaisir et on se sent réellement supporté quand un chauffeur de camion fait le V de la victoire où qu’une personne attendant le bus serre les deux mains au-dessus de sa tête en signe d’encouragement.

Et pour finir une image qui grossit dans mon petit rétroviseur, improbable mais qui se révèle être vraie : un autre cyclotouriste sur la même route que moi…

C’est Sven, un jeune allemand de 38 ans, qui vient de Hanovre et fait route vers Omsk.

Pendant deux heures nous allons rouler ensemble, essayant d’échanger malgré le bruit des camions. Nous avons en plus de la chance : l’autoroute est en travaux avec un basculement de chaussée mais la partie en travaux est tout à fait roulable et nous empruntons pendant près de 20 km une piste cyclable de 40 mètres de large.

Sven part tout les ans pendant un peu plus d’un mois faire du vélo dans le monde entier : pays scandinaves, Singapour, New-York – San-Francisco sont déjà à son palmarès.

Il a un vélo chargé légèrement (comparativement au mien en touts cas) car, sur son trajet jusqu’à Omsk, il ne campera pas. Donc beaucoup de matériel (et de poids) en moins…

Du coup ses étapes sont plutôt de 185 km, qu’il effectue à une moyenne de 20 km/heure. Plus les arrêts, ça fait des journées de 12H : 8H – 20H30.

Au passage il m’explique qu’il a déjà fait une tentative de venir en Russie en passant par le Bélarus mais, selon son expérience, c’est impossible de passer en Russie en vélo en venant de Bélarus… bon à savoir !

Son vélo est équipé d’un système original de vitesse dans le pédalier (18 vitesses), une transmission par courroies, pas de dérailleur arrière. Inusable mais irréparable ; en cas de pépin mécanique, c’est retour chez le fabriquant… ce qui fait réfléchir. Mais Sven semble confiant dans la deutsche Qualität.

Après une vingtaine des killomètres pendant lesquels j’ai mis un point d’honneur à ne pas le lâcher et à assumer des relais réguliers, nous faisons halte dans un Kofé où je me rends compte que les connaissances en Russe de Sven sont encore inférieures aux miennes. Ça parait impossible mais pourtant c’est vrai… ça ne l’empêche pas de commander son litre et demi de Fanta orange (sa boisson de référence) et de prendre comme moi du bortch, saucisse-macaroni.

Après le déjeuner, échange des adresses mails, photos et nous prenons congé car je sais qu’il roule plus vite que moi et je ne vais pas « passer dans le rouge » en permanence pour frimer. En plus il prend une route plus au sud vers Oufa. Mais nous devrions, d’après nos road books respectifs, nous retrouver à Iékaterimbourg.

Nous avons déjà fait plus de 80 km sans la matinée depuis Kazan, je trouve ça pas mal.

Il m’en reste un peu moins de 40 à faire, ce qui me promet une arrivée pas trop tardive dans l’hôtel que j’ai noté sur Google.

Et j’arrivé tranquillement à 16H à destination. Une petite photo d’un superbe plantigrade en cage (c’est vrai qu’ils sont gros les ours…)

Je prends possession de ma chambre, de la douche qui l’accompagne et maintenant repos !

Journée « vacances » à Kazan

18 Mai 2018

Désolé de faire durer le plaisir mais ce soir 19 Mai je suis dans une contrée où internet existe mais de façon tellement lente que je suis incapable de télécharger une photo en moins de 10 minutes.

Donc cet article ne sera pas complété avant que je retrouve une zone mieux desservie.

En attendant voici le début de l’article…

Après l’arrivée chez Sergey, il faut décider comment utiliser mon oisiveté…

Évidemment un peu de tourisme s’impose.

Donc repérage du Kremlin de Kazan sur une carte, choix de la ligne de métro et hop ! en route.

Au passage la statue du père du Tupolev, Andreï Nikolaev

Première impression sur le métro de Kazan : de réalisation récente il est construit sur le modèle de celui de Moscou. Stations spacieuses, bien décorées.

Deuxième impression : il fait froid ! Vivement l’arrivée de la prochaine rame pour être au chaud.

Sortie sur le parvis devant le château : ça en jette quand même !

La visite (gratuite) de l’intérieur du Kremlin commence.

Mosquée imposante, cathédrale imposante (un peu moins quand même), bâtiments de l’administration du Tatarstan imposants eux aussi. Le pouvoir central du Tartastan a bien fait les choses pour montrer sa puissance.

La mosquée, construite il y a 10 ans environ, est dotée de tout le confort moderne.

Le muezzin est installé à la vue de tous les visiteurs dans une cage en verre, en train de lire un Coran et d’envoyer par une sonorisation avec un PC portable, les sourates vers les fidèles (ou non).

La salle de prière peut se visiter depuis une galerie accessible aux touristes

Après la Mosquée, la Cathédrale de l’Annonciation

(Désolé pour le cadrage de ce petit film, mais il a été fait en « caméra cachée » car il est interdit de faire des photos ou de filmer)

Et quelques vues de l’enceinte intérieure du Kremlin :

La cathédrale devant une statue dont je n’ai pas réussi à déchiffrer les noms des deux personnages…

L’avenue principale en face du Kremlin

Une belle demeure en cours de rénovation

Ou encore la Tour des Cloches de la Cathédrale de l’Epiphanie

Voilà pour cette rapide visite du vieux Kazan.

Pour la journée « repos » du lendemain, Sergey m’avait conseillé une excursion en bateau sur la Volga jusqu’à l’île de Svilajsk.

Bateau à 8H20, donc départ de chez Sergey à 7H (pour une journée de repos ça commence bien…).

Métro (je commence à m’y repérer) puis bus (là c’est plus scabreux). Je finis par prendre un taxi et je suis largement dans les temps pour prendre le bateau

Le bateau est bien rempli de touristes mais aussi de quelques passagers qui se feront déposer en route à des embarcadères parfois de fortune

La Volga est grande comme un lac…

Et on y croise des bateaux en proportion :

Après deux heures de navigation on débarque sur l’île de dimensions modestes (300 m sur 1 km). Jolies petites maisons, églises orthodoxes en bois, en pierre, en brique selon les époques de construction ou de restauration), l’île abrite un musée où est retracée l’histoire de cette île qui tient en trois thèmes :

  • Religion
  • Psychiatrie
  • Goulag

Religion car elle a abrité des monastères, des églises, des communautés religieuses très importantes.

Psychiatrie avec un hôpital où étaient internés des fous.

Goulag enfin où étaient internés d’autres fous, qui n’étaient pas d’accord avec la ligne du parti… Leur liste est longue mais encore plus longue la liste des prisonniers exécutés sur cette île par le NKVD : on m’a parlé de 100.000 morts (et enterrés) sur cette île. Donc cette belle petite île sur la Volga est ce qu’on peut appeler un charnier…

Cette région et l’île de Svilajsk en particulier, ont été le lieu d’affrontements terribles entre l’armée « blanche » et l’armée « rouge » après la révolution russe. Les habitants de Svilajsk, considérés comme « contre-révolutionnaires » avaient déjà été exécutés par dizaines par les troupes bolchéviques.

Malgré tout l’île est paisible et attire les familles…

Et c’est vrai que ça n’empêche pas de faire une bonne sieste à l’ombre…

Retour au bateau vers 16H pour une croisière où les enfants s’en donnent à coeur-joie pour m’empêcher de poursuivre l’activité décrite juste au dessus…

Arrêts aux embarcadères :

Ou parfois on plante le nez du bateau sur la rive…

Et enfin retour chez Sergey qui m’attend avec un plat préparé à partir des produits de son jardin.

Nous sacrifions à l’incontournable selfy pour garder un souvenir de ce court séjour à Kazan :

Encore merci à Sergey pour son hospitalité :

Спасибо Мужчина Сергей !

J 08 Voljsk-Kazan

17 Mai 2018

Quelques petites impressions sur le séjour à Voljsk : c’est la première fois que je me trouve confronté à une ville « à l’ancienne » ou au moins conforme à l’idée que je me fais de ce qu’était l’URSS.

Le premier indice c’est l’architecture. L’hyper centre ville ressemble à un décor de cinéma. Statues grecques, bassins, fontaines… on se croirait dans un péplum.

Ça m’a fait penser aux grandes artères de Bucarest, en face du palais de Caucescu où même aux immeubles de Bartoli à Montpellier.

Et un petit côté tape à l’œil en décalage avec la qualité de l’ensemble : aucun ascenseur ne fonctionnait dans cet impressionnant bâtiment.

Ensuite l’apparition de tracasseries administratives : pour la première fois le contrôle de mes papiers par la réceptionniste de l’hôtel a donné lieu à des vérifications approfondies de mes lieux de passages des derniers jours. Et la nécessité de fournir un « registrate » pour chaque nuitée. J’ai pris ça un peu à la légère car, jusqu’à présent, personne n’avait eu de telles exigences et j’avais dû moi-même insister dans un hôtel pour qu’ils copient mon passeport.

Comme il était tard et que je n’avais qu’une envie c’était de prendre une douche, je ne me suis pas montré coopératif et mes relations avec la réceptionniste ne prenaient pas une tournure sympathique !

Pour finir elle a appelé une autorité supérieure qui a dû la rassurer ou la couvrir et j’ai pu monter mon barda de cycliste au troisième étage sans ascenseur (enfin, sans ascenseur qui fonctionne).

Ma chambre, gigantesque, aurait pu accueillir une équipe du Tour de France.

Autant dire que j’avais mes aises et que j’ai profité de la salle de bains (dimensions olympiques elle aussi) pour une bonne douche et un lavage de ma tenue cycliste.

En sortant de l’hôtel vers 21h30, je sors dîner et je me dirige vers le Burger King aperçu en arrivant de l’autre côté du carrefour.

Désillusion sur ma compréhension de l’alphabet cyrillique : une seconde lecture de l’enseigne (qui ressemble à celle de Burger King, je vous l’assure) m’apprend qu’il s’agit d’une salle de « billard ». Je suis prêt à avaler n’importe quoi mais des boules de billard ça me semble au-delà de mes capacités digestives.

Donc je fais le tour, au pas de gymnastique, du centre de Voljsk et nada restaurant.

Juste une supérette bien éclairée. Je m’y précipite à 21H58 (ça ferme à 22H) et j’attrape une banane, une orange un yaourt, je passe devant le frigo des bières et là, erreur fatale, j’ai 30 secondes d’hésitation entre une marque danoise bien connue et une marque russe, Kozel. Pour ne pas mourrir de soif entre deux tas de foin comme l’âne de Burridan, je prends les deux (excusez-moi mais j’ai très soif).

À cet instant précis un hurlement retentit derrière moi…

La responsable du magasin, jeune et avenante au demeurant, a dû suivre des courts d’art dramatique, section « camp de redressement ».

J’en prends plein les oreilles et je lui fais signe que je ne comprends pas le russe mais que pour autant je ne suis pas sourd.

Elle m’intime fermement l’ordre de reposer mon Graal, ces deux bouteilles de bière.

Pendant que ces 30 secondes d’hésitation l’horloge est passée à 22H et, à 22H plus de vente d’alcool.

J’essaie de plaider ma cause de façon humoristique (certains diraient à la française) en lui expliquant que justement en France il est 21H et que ma montre est restée à l’heure française… mais de toute évidence elle n’était pas en section « comédie » quand elle a suivi des cours de théâtre.

Je sens qu’en plus des bières je vais perdre banane, yaourts et consorts. Je baisse donc pavillon et, pour ne pas perdre la face complètement je vais chipoter dans de frigo des sodas pour prendre une boisson gazeuse.

Les deux caissières sont plus aimables et ont l’air de regretter l’attitude de leur cheftaine.

Donc maigre butin pour cette virée en ville à Voljsk.

Qui dort dîne reste donc une excellente maxime…

Le lendemain c’est déjà les vacances puisqu’il ne me reste que 50 kilomètres à parcourir pour arriver à Kazan où mon Couch Surfer, Sergey, m’attend jusqu’à 15H.

Donc cool et relax petit déjeuner dans la cathédrale de l’hôtel.

Puis rangement minutieux des affaires sur le vélo.

Bref je pars de Voljsk tranquillement vers 10H.

J’entre dans la république du Tatarstan… tout un programme !

J’avance sereinement sur mon itinéraire, observant au passage un camion se coucher dans un virage sur la bande d’arrêt d’urgence où j’aurais pu me trouver.

Le chauffeur est sorti tout seul et apparemment indemne de sa cabine.

Le tracé GPS m’éloigne un peu de l’autoroute, bonne idée. Cette petite route est vraiment sympa.

Elle devient terreuse et traverse un quartier aux petites maisons sympathiques.

Puis elle sort du quartier habité pour devenir un chemin le long d’une magnifique voie ferroviaire. Moi qui voulais suivre le trajet de Transsibérien, je suis servi !

Le problème c’est que ce chemin est couvert de sable. Avec le poids de mon vélo c’est mission impossible.

Pendant cinq kilomètres j’alterne la marche à pied en poussant le vélo et les exhibitions d’équilibriste. Comme je n’ai pas de spectateur ça n’est pas franchement comique et je n’ai qu’une envie : m’extraire de ce piège.

Dès que je vois des maisons, je respire et je recalcule un nouveau trajet : il est 13H et il me reste 24 kilomètres à parcourir pour arriver chez Sergey. Normalement ça doit le faire.

Sauf que ça commence par la Bérésina mon affaire : j’ai 1 km de mur à monter pour sortir de ce guêpier.

Si Sergey ne m’attendait pas, je ferais bien la grève sur le tas.

Pas le choix, il faut y aller coûte que coûte.

Heureusement après c’est plus facile malgré le traffic à l’entrée de Kazan.

Veinards de footballeurs français qui vont faire leur premier match à Kazan : ils vont avoir une ville toute neuve pour taper dans un ballon : partout on balaie, on repeint, on refait le macadam…

14H30 je suis devant chez Sergey qui me rejoint 10 mn plus tard et m’aide à ranger mon vélo dans l’entrée de son immeuble et me donne un coup de main pour monter sacs et bagages dans son appartement au cinquième étage (sans ascenseur…).

Sergey me donne un trousseau de clés, le code WIFI et me dit « à plus tard ! »

Moi aussi, je continuerai « plus tard » mon journal de bord.

Dans la prochaine livraison : les vacances de Stéphane à Kazan !

J 07 Tcheboksari – Voljsk

16 Mai 2018

Départ un peu raide ce matin pour des raisons liées aux tracés GPS

Je vous donne une rapide explication : sur Google Maps les tracés de trajet « vélo » n’existent pas en Russie. On peut voyager en voiture ou à pied. J’ai un peu hésité et alternant entre les trajets « voiture » et les trajets « piétons » pour préparer mes étapes. L’avantage des trajets « piétons » c’est qu’ils sont parfois plus directs (plus courts en distance) mais au prix de certaines acrobaties comme celle de ce matin : un chemin en terre quasiment piste rouge si c’était du ski que je pratiquais. Mais ça ajoute un peu de piment (et parfois des rencontres sympathiques comme ce vieux Sergey qui, ce matin, était en train de poser des dalles et des pavés devant sa maison).

Ensuite une traversée de Tcheboksari beaucoup plus longue que je ne l’imaginais : cette ville est immense, construite comme Rome sur des collines, séparées par de grands ponts.

Au passage je photographie une statue de Youri Gagarine, premier être humain à quitter l’attraction terrestre :

Je verrai plus tard en quittant Tcheboksari qu’un enfant de la ville a lui aussi été cosmonaute.

En attendant je m’aperçois que ma carte téléphonique Beeline ne me connecte plus à internet. Je demande à un cycliste penché sur son téléphone à côté de la statue de Gagarine s’il peut m’indiquer une boutique Beeline (ça prend un peu plus de temps à expliquer ça que de l’écrire dans le blog…).

Aussitôt Maxime me prend sous son aile et m’emmène dans une première boutique (fermée) puis une seconde où Alexander, le responsable, se décarcasse pour me dépanner et fini le parc me donner une carte provisoire en attendant que la mienne se reconnecte au réseau.

Je quitte Maxime avec des embrassades « à la Russe »… pour le retrouver 500 m plus loin, lui sagement sur la piste cyclable, moi au milieu des voitures. On se congratule à nouveau et comme ma route est en direction de son bureau, il m’invite à prendre un café et faire connaissance de ses collègues.

Dont acte… Tout le monde m’accueille gentiment et je suis obligé d’expliquer mon projet de voyage, montrer mon blog. Maxime de son côté me montre les films que sa société (ВВС en russe ce qu’il faut comprendre comme « VVS ») réalise : films publicitaires, corporate… Maxime va bientôt partir en Hongrie faire un tournage sur la chasse pour un grand site internet américain qui propose des parties de chasse « all around the world ». Je ne vous ai pas dit que la conversation avec Maxime passe par nos traducteurs Google sur nos téléphones respectifs car il ne parle que Russe. Un de ses collègues qui parle anglais complète et fluidifie un peu les dialogues.

Sur les conseils de ce collègue qui, lui aussi, fait du vélo, Maxime m’accompagne dans un centre commercial pour acheter un « electro-choc » pour me défendre contre les chiens… C’est, paraît-il, très efficace. J’espère ne pas avoir à expérimenter ça mais je me suis déjà fait poursuivre par 3 gros chiens qui ont abandonné en raison de ma vitesse à ce moment là… donc je suis en possession d’un taser dont le port et l’utilisation sont, semble-t-il, autorisés en Russie quand on a plus de 21 ans.

Ensuite Maxime m’entraîne visiter un monument « à la Gloire Éternelle » des anciens combattants de la guerre 41-45.

Vue magnifique sur Tcheboksari et la Volga

Ensuite l’heure a tourné et il est bientôt temps de déjeuner. Je décide donc d’inviter Maxime pour un repas rapide mais roboratif avant de reprendre (enfin) la routeEncore un большое спасибо à Maxime pour sa très grande gentillesse !

En sortant de Tcheboksary je trouve la statue du cosmonaute « local », Andrian Nikolaev, la tête tournée vers les étoiles.Après Tcheboksari, je prends la route vers Kazan en passant par Voljsk, ma prochaine, étape.Mais il est 13H15 et je dois faire 85 km… je baisse les bras et je me dis que je vais m’arrêter et monter ma tente en route.Mais Laurent qui décidément remplit son rôle de routeur à la perfection, m’encourage à persévérer et je finis, un peu épuisé, à 20H15 à Voljsk.

Je profiterai de ma journée de repos à Kazan pour vous parler de cette ville qui semble sortir des années soviétiques sans beaucoup de changement.Sergey, mon couch surfer m’attend à 15H… il est temps de partir !😊

J 06 en route vers Kazan

15 Mai 2018

Etape de transition comme on dit pour le Tour de France…

Un dernier coup d’œil à mon hôtel de rêve où j’ai passé la nuit

Avant de suivre une route (toujours la même autoroute M7) sans grand intérêt.

A noter le passage sur un affluent de la Volga, la Soura qui précède une belle montée qui m’a laissé sur les genoux…

L’autoroute s’est transformée en route à deux voies normales, sans accotement praticable (en tout cas pour moi) et avec du macadam par-ci et par-là, de façon épisodique et très aléatoire. Autant dire que tout le monde était balloté : camions, voitures et Stéphane sur son vélo.

Donc à part vous parler des larves de scarabée qui décident de se suicider en essayant de traverser l’autoroute (à moins que ça ne soit un stratagème pour un premier envol, propulsé par le souffle d’un camion…?), mon inspiration sur le trajet d’aujourd’hui est un peu en berne.

Je vais en profiter pour vous parler de Michel Strogoff dont il avait été question à N. Novgorod.

Ce soir je vous fais le pitch (pour ceux qui n’ont pas lu Jules Verne) : le czar doit faire face à une invasion-rébellion des Tartares dans les provinces orientales de l’empire russe. Cette rebellion est fomentée en sous-main par Ivan Ogareff si je me souviens bien, méchant parmi les méchants, qui veut mettre à mal le pouvoir du tsar et se venger de l’Archiduc, frère du tsar, qui l’avait envoyé en exil en Sibérie. Le câble télégraphique étant coupé le tsar envoie son meilleur officier-coursier, le fameux Michel Strogoff, doté de toutes les qualités pour faire un héros sans peur et sans reproche. Natif d’Omsk, Michel Strogoff connaît la région comme sa poche, est dévoué corps et âme au tsar et va mener sa mission pour mettre à mal les plans machiavéliques d’Ivan Ogareff. Deux personnages secondaires viennent compléter le casting : les journalistes Alcide Jolivet (français) et Harry Blount (britannique) qui vont s’entraider et se tirer la bourre pour avoir les infos exclusives sur ce qui se passe en Sibérie.

Et donc Michel Strogoff quitte Moscou pour N. Novgorod où commence réellement son aventure puisqu’il va avoir une première fois l’occasion de croiser Ivan Ogareff au moment de prendre un bateau qui va descendre la Volga jusqu’à Kazan.

En attendant la suite des aventures de Michel Strogoff, je suis quant a moi confortablement installé à 175 km de Kazan dans la ville de Tcheboksary (Чебоксары en Russe). C’est pour l’instant la première ville où je vois un panneau indiquant une piste cyclable et des cyclistes l’empruntant pour la pratique sportive.

A suivre…

P.S. : vous avez été nombreux à me signaler que les vidéos de l’article d’hier n’étaient pas lisibles et je vous en remercie. Il s’agit d’un bug de WordPress visiblement et j’ai transféré les vidéos sur YouTube et les ai insérées à nouveau dans l’article. Et j’ai ajouté pour me faire pardonner une vidéo « selfy » qui vous montrera comment ça se passe sur la selle du vélo !

J 05 bis La Volga

14 Mai 2018

Départ de bonne heure et d’humeur incertaine vers le télé-cabine…

Descente vers la rive de la Volga, quelques kilomètres (en passant au pied de l’escalier monumental du château et d’un bateau apparemment mythique)

Après une montée bien pénible (3 arrêts pour souffler…) j’arrive au œufs qui, ouf, acceptent bien les cyclistes😛… au moins ça récompense de la montée !

Beau, grisant, épatant… je ne sais pas quels superlatifs utiliser pour ce survol de la Volga sous un ciel limpide.

Dans les îlots qui parsèment le cours du fleuve on entend les canards ou les oies sauvages.

A la fin de cette « traversée » la ville de Bor (бор), ville animée en ce début de matinée.

Un café et deux œufs dur comme petit déjeuner dans un bistro et je repars pour 80 km de route pour rejoindre Makar’Yevo et son bac pour retraverser la Volga à côté d’un splendide monastère.

Laurent continue à m’accompagner grâce à Internet et m’encourage pour que j’arrive avant 13H, heure prévue pour la traversée.

Finalement j’arrive à 12H15 après 85 km dans la matinée sur une route plate et agréable.

Le monastère brille sous ses coupoles dorées

Rencontre avec un jeune kayakiste qui vient de passer une semaine sur la Volga avec son fils de 5 ans.

Il m’offre gentiment du thé… спасибо!

Puis le bateau arrive… vive les bateliers de la Volga

Embarquement vite fait bien fait

Passage à la Kacca

Et on navigue

On finit par débarquer à Lyskovo

Et pour boucler l’étape une cinquantaine de kilomètres (je termine l’étape à 135 km, sans tenir compte des deux traversées). Une belle journée pour mon vélo et moi !

Encore большое спасибо à Laurent, mon accompagnateur virtuel sur toute l’étape, en particulier à la fin quand je commençais à galérer pour trouver un logement.

J 05 La Volga

Qui n’a jamais rêvé de la Volga et de ses bateliers ? Vous avez pu voir hier que c’est un fleuve imposant, majestueux et ça n’est pas pour rien que Jules Verne a noué l’intrigue de Michel Strogoff sur les bords de la Volga à N. Novgorod.

Donc un fleuve qui fait rêver mais qui m’a stressé hier car, en prenant les photos je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de pont sur la Volga en aval de N. Novgorod.

Or mon ami Gloogle m’avait bel et bien fait une trace traversant la Volga juste à la sortie de la ville. Comme Google se trompe rarement l’explication était une traversée en ferry. Mais qui dit ferry dit horaires… donc je prends mes renseignements auprès du jeune stagiaire de l’hôtel qui finit par m’annoncer que le service des ferries commencent le 29 Mai, information considérable quand on a prévu de faire ce trajet le 14.

Après moult réflexions et considération peu amènes sur l’idiotie de Google, la bêtise des horaires qui font démarrer la saison d’été un 29 Mai (pourquoi pas le 14 ? Tout le monde sait que le véritable été démarre le 21 juin après-tout.

Quand soudain mon stagiaire réceptionniste-concierge se souvient d’un petit détail : il y a une autre liaison entre les deux rives…

Que ne le disiez-vous plus tôt mon jeune ami comment dites-vous ? Cable-car ? Connais pas. Un télécabine ? Pardon ? Des œufs, comme à Courchevel. Comment ça vous pensez qu’on ne peut pas prendre de vélo dans les œufs ? C’est sur cette question légèrement importante que je suis monté dans ma chambre où, au lieu de dormir je me suis mis à l’étude de scénarios alternatifs.

Donc ce soir je paie un peu cette dette de sommeil et je vais vous laisser sur cette terrible incertitude.

Mais dormez bien quand même : tout s’est déroulé à merveille et j’ai même fini par dépasser mon objectif initial de 20 km, donc 132 km aujourd’hui.

A demain pour la suite…

Désolé de ne pas avoir été plus prolixe hier soir mais j’étais quand même un peu fatigué et pour couronner le tout il y a eu une coupure de courant généralisée dans l’hôtel et le restaurant. Donc plus de lumière, plus d’internet… une bonne excuse pour moi de ranger mon téléphone et de dormir.

Je pensais envoyer quelques photos de la traversée aérienne de la Volga mais ce matin toujours pas d’internet même si le courant électrique est revenu.

Ma connexion via le téléphone est trop lente pour poster des photos.

Mais la double traversée de la Volga hier, d’abord en télécabine puis en ferry ont été des moments magiques, inoubliables !

J’ai hâte de vous envoyer photos et vidéos.

Mon trajet a donc été plus qu’agréable hier. Raison pour laquelle je ne me suis pas trop formalisé quand je suis arrivé au centre de vacances prévu pour mon étape et que je l’ai trouvé fermé (pas encore la saison…).

Aidé à distance par mon ami Laurent qui, depuis Vannes, m’a aidé à repérer un hôtel sur la suite du trajet, j’ai terminé l’étape à bonne allure vers mon point de chute de cette nuit.

J’ajouterai donc photos et vidéos ce soir.

Merci de votre patience 😊