La première partie de la route était bien roulante après le départ de l’hôtel et le passage sous l’arc de triomphe de sortie de Karaganda:
Hôtel ZumartCurieuse cette tour…?Les 4 minarets d’une grande mosquée à la sortie de la villeL’arc de triomphe
Et ensuite je trace la route, relativement rectiligne, même si en y regardant de plus près ça tourne un peu quand même :
Pour ceux que ça intéresse voici mon trajet sur Strava :
Normalement je devais faire ces 135 km en 2 étapes mais le début était tellement roulant que j’avais atteint le premier point d’arrivée avant 13H, un peu tôt pour se poser.
J’ai donc décidé de continuer alors que je venais d’entrer dans une zone de travaux qui ne m’a pratiquement plus quitté sur les 60 km suivants…
Pas mal de circulation, énormément de poussière, ornière et tôle ondulée…
Heureusement que la solidarité s’exprime : une voiture russe me double en me demandant si je veux de l’eau… je ne sais pas si mon Не спасибо a été compris mais la voiture s’arrête devant moi et le conducteur me remplit une bouteille qui était vide au dessus de mon sac sur le porte-bagages. C’est quand même très sympa… Metci
Le reste de la route avec quelques photos :
Et l’arrivée à Aksu-Ayuli :
Je trouve un hôtel à 8€ la nuit qui donne un confort en rapport avec le prix mais il y a une équipe de russes sympas avec qui je prends un bania : Anton, Pavel et Sacha partagent avec moi le plaisir du sauna et de se laver avec de grands baquets d’eau 😎
Je profite de cette halte pour une petite réparation du vélo: la plaque de fixation de la couronne d’entraînement de la courroie s’est desserrée et l’Administrator (!) de l’hôtel me prête un peu d’outils pour faire cette réparation. Merci à lui et a Cyclable Nice qui a distance m’a permis de mener à bien ce petit travail 👍🤩
Je ne vais pas trop parler vélo pour cette étape qu’on pourrait qualifier « de transition ». Le nom de la ville de Karaganda m’avait fait un peu fantasmer et j’avais décidé d’y passer un assez long moment pour la découvrir.
Donc aujourd’hui un minimum de vélo (37 km) et un maximum d’histoire de Karaganda.
Comme Pierre-Albert l’avait anticipé dans son commentaire le vent avait tourné pendant la nuit et en regardant les fumées des multiples cheminées de l’aciérie Arcelor-Mittal, je savais déjà que le vent allait souffler dans la bonne direction ce matin.
La température elle aussi avait tourné casaque (je suis désolé il fallait que je place ce mauvais jeu de mot une fois… c’est fait, dormez tranquilles braves gens) et on était un peu en dessous de 10° ce matin. Donc mon problème du matin a surtout été de choisir une tenue cycliste adaptée.
Une petite photo de l’hôtel avant de partir :
C’était un vrai petit palace…
Et une photo panoramique de Temirtau
Regardez bien : au premier plan des vaches et un vrai cow-boy Et là le minaret et le bulbe ont l’air de faire bon ménage côte à côte
Avant d’arriver à Karaganda une panthère des neiges monte la garde (je ne vais pas en faire un livre ou un film…)
Ensuite l’arc de triomphe de rigueur pour m’accueillir :
Et en arrivant à l’hôtel que j’avais repéré grâce aux bons soins de Google… déception il a été transformé en « Business Center »
Je fais une recherche rapide et je choisis un autre hôtel à l’autre bout de la ville (ce qui me permet de la visiter une première fois) et j’arrive dans un hôtel rescapé de l’époque avant Brejnev. Chambre immense, couloir gigantesque, piscine et sauna au sous-sol… pour 25€ la nuit pourquoi s’en priver ? D’autant que l’accueil est très cordial, qu’il y a une salle à manger (et de bal) qui accueille une clientèle simple (ouvriers d’une entreprise d’électricité par exemple) avec une formule snack.
Chambre avec vue sur la station service voisineIl faut une trottinette électrique pour travailler dans cet hôtel…
Après le déjeuner la visite de Karaganda commence
Je suppose que c’est le premier bloc de charbon trouvé à KaragandaComme sur la place Rouge à Moscou, il y a un centre commercial GumLe musée d’histoire localeIl retrace abondamment l’histoire des guerriers Kazakhs, impressionnants sur leur cheval. Mais visiblement en 1628 (date à vérifier) ils ont trouvé plus forts qu’eux et ont été décimés…Enfin peut-être même plus que décimésL’habitat traditionnel : la yourteEt les inhumations (ici une femme) à l’âge de pierre
L’époque moderne… cette section du musée est constituée de documents écrits, de livres, de photos. Donc rien de bien intéressant à photographier.
Il y a bien des machines à extraire le charbon qui sont présentées , des photos de mineurs stakhanovistes, récompensés par des médailles, mais il y a surtout des histoires de goulag, de camp de prisonniers, d’orphelinats où étaient gardés les enfants de morts au goulag.
C’est là que mes neurones se sont reconnectés : je n’avais pas entendu parler de Karaganda dans un livre de Kessel, non, mais dans l’archipel du goulag d’Alexandre Soljénitsyne. Il a en effet séjourné au goulag de Karaganda, un parmi tant d’autres.
Car ils ont été nombreux à être déportés dans la région de Karaganda :
Russes, Ukrainiens, Kazakhs, Allemands (les allemands de la Volga, lisez le livre de Gouzel Iakhina qui porte ce titre), Tatars, Coréens, Belarusses, Polonais, Tchétchènes, Azéris, Bachkires, Mordves, Ouzbeks, Moldaves… et la liste n’est pas finie.
Toutes ces nationalités sont encore présentes en nombre dans la population de Karaganda. C’est ça « l’avantage » d’une prison à ciel ouvert : on ne s’en échappe pas. Les prisonniers y ont quasiment fait souche (enfin ceux qui ne sont pas morts).
Les Karagandais sont donc en grande partie des enfants, petits-enfants de prisonniers du goulag.
Ça change un peu la vision des choses et des gens quand on se promène en ville, vous pouvez me croire.
Et donc, en plus des prisonniers déportés, leurs épouses ont subi le même sort par une espèce de transmutation de la peine infligée à leur conjoint.
Et les enfants bien entendu entraînés dans la même tourmente…
Ainsi j’ai appris que la petite bourgade d’Osakarovka où j’ai dormi avant hier, avait accueilli un gigantesque orphelinat d’enfants de goulaguisés.
Les soviétiques étaient organisés et méthodiques : je vous livre tel quel un document que j’ai scanné au musée et traduit (traduction photo automatique, c’est magique, mais en l’occurrence c’est triste) :
Orphelinats
Commissariat du Peuple
Sur le territoire de la région de Karaganda, il y a un contingent d’enfants de 1852 enfants, dont deux orphelinats sont nouvellement organisés
Les enfants évacués sont arrivés 800 personnes. Parmi les enfants suivants de l’orphelinat de la RSS d’Ukraine de Kirovograd – 190 personnes.
Stadnitsky – Région de Voronej – 70 personnes.
Région Utkovsky Kharkiv – 198 personnes. Région de Korobkinsky-Koursk – 136 personnes.
Rylsky
École maternelle de l’orphelinat Rylsky – 42 personnes. École des sourds-muets à Kharkov – 78 personnes.
A la mi-décembre 1941, les orphelinats sont recensés
86 personnes
Etc… etc
Je n’ai pas pu tout scanner en une fois et la traduction automatique n’est peut-être pas parfaite mais ça montre un détachement administratif, sachant en plus qu’on parle d’enfants, qui fait froid dans le dos.
A l’histoire du goulag s’ajoute aussi celle du Karlag (pour Karaganda Lager), Karaganda ayant abrité à partir de 1941 un gigantesque camp de prisonniers où ont été jeté pêle-mêle des allemands, des japonais… qui ont participé à l’édification de la ville.
En fouillant un peu Wikipedia, je suis arrivé sur un article du Figaro qui rend compte d’une émission de France 5 du 29 Mai 2011 où témoignent des survivants ou des enfants du goulag de Karaganda.
Lisez l’article à défaut de voir le reportage, c’est édifiant et poignant :
Je termine mon petit compte-rendu sur Karaganda sur une note moins triste ou moins tragique : en rentrant à l’hôtel après ma visite de la ville je me suis arrêté pour photographier une église orthodoxe.
Un jeune pope me demande ce que je fais là d’un air peu amène. Je lui réponds en anglais que je suis un touriste français venu visiter le Kazakhstan et que je voulais faire une photo de cette belle église…
Il entrouvre le col de sa chemise et sort une croix en pendentif. Il me la désigne et me pointe du doigt. Paris vaut bien une messe, une photo d’église orthodoxe, un pieux mensonge, Je m’entends lui dire « I am christian » (je préfère l’écrire en anglais, je ne voudrais pas aggraver mon cas en traduisant ce blasphème).
Du coup j’ai le droit de faire deux photos (✌️ avec les doigts du pope bien dressés)… je n’abuse pas, je n’en fais qu’une tant je me sens coupable :
Il est tard et je n’ai plus le courage d’ajouter des légendes à toutes les photos… j’espère qu’il n’y a pas trop de fautes de frappe (Benoit, tu me feras la liste des corrections 😜)
Comme disait mon grand-père : « Le cycliste propose, le vent dispose… »
Effectivement je me proposais de vous emmener aujourd’hui à Karaganda et je me suis arrêté à l’étape prévue dans mon road book, Termitau.
Je ne vais pas vous embêter avec des conditions météorologiques mais sachez une fois pour toute que le vent, fort et de face n’est pas ma tasse de thé.
Départ tranquille de la petite bourgade d’Osakarovka ce matin si ce n’est que mon vélo avait déjà subi une première rafale pendant que je faisais des aller-retour entre ma chambre et le parking pour charger les sacoches.
Un Arc de Triomphe (modeste) pour marquer l’entrée (ou la sortie) d’Osakarovka
Jusque là il fait beau, avec du vent. Ça se complique quand je me retrouve en rase campagne car le vent fait onduler la plaine et, sans mériter le terme de « montagnes russes » c’est nettement moins plat qu’hier.
Je chemine doucement et je fais une première halte « carottes râpées » (c’est ce que j’ai mangé) dans un café où mon vélo était sous la surveillance d’une caméra (et j’avais une télé grand écran devant ma table pour contrôler).
Ensuite c’est une voiture de police qui est venue s’ajouter à la protection de la caméra. Je me demandais bien pourquoi ils s’étaient garés à côté de mon vélo ?
Quand je suis retourné sur le parking, le policier au volant est sorti de sa voiture et s’est dirigé vers moi.
Et là, pour la première fois de ma vie, un policier a commencé par me serrer la main avant d’engager la conversation. Quand j’ai vu qu’il ne cherchait pas à me passer les menottes je me suis décontracté et nous avons échangé sur mon voyage.
Un autre conducteur qui était sur le parking est arrivé en courant et le policier lui a expliqué que j’étais français : j’ai bien cru que j’allais devoir organiser une séance d’autographes improvisée…
Passé ce moment gratifiant je suis reparti pour atteindre un autre café à la fin de la M-36 où je prévoyais de statuer sur mon objectif de la journée : Karaganda à 55 km ou Temirtau à une vingtaine de km.
Une soupe et un thé plus tard (et après un selfy avec la serveuse qui voulait une pièce française pour sa collection)
Je ressors du restaurant… sous la pluie.
500 m plus loin je passe le péage de la M-36… (avouez, amis cyclistes que ça ne vous est pas arrivé souvent de passer un péage d’autoroute en vélo 😜)
Mais le temps se gâte pour de bon et les rafales de vent sont vraiment violentes. Je me réfugie pendant un moment contre le bâtiment administratif du péage.
Je décide de prendre la route de Temirtau et de faire rapidement le trajet avant que ça se gâte
C’est dans une espèce de tempête de sable que je longe le lac de retenue de Samarcande. A aucun moment je ne vois l’eau de ce lac mais je me retrouve dans un nuage de poussière qui tourbillonne et des branches d’arbres qui traversent la rue.
La situation s’améliore un peu quand j’arrive en ville mais c’est l’état des rues qui laisse à désirer…
Je trouve l’hôtel repéré sur Google. Et il se met à pleuvoir juste quand je mets le vélo à l’abri, bon timing !
Une heure après il refait beau et je regrette de ne pas avoir poussé jusqu’à Karaganda : je me serais mis à l’abri sous un arrêt de bus et c’était bon…
D’autant qu’il y a peu de choses à voir ici. Je suppose que l’aciérie Arcelor-Mital de Termitau n’organise pas de visite guidée…
Donc j’en profite pour faire la lessive 😉
Et nous ferons un grand tour de Karaganda demain, promis !
Je suis parti de mon hôtel après 9H15… difficile d’absorber les 4 heures de décalage horaire et la nuit dans l’avion. Et puis le premier jour il faut rééquilibrer les bagages, tout changer de place… ça prend du temps.
Donc une petite photo devant l’hôtel :
Et me voilà parti pour 85 kilomètres (qui s’allongeront un peu)
Après une vraie piste cyclable sur quelques centaines de mètres, c’est l’option « trottoir sur le côté gauche de la route » qui s’impose et il est très difficile (impossible pour qui veut rester en vie) de traverser en raison d’une circulation dense.
Enfin un feu de circulation et je rejoins « ma » voie de circulation sur la M-36 où je me cale bien à droite sur le bas-côté : les réflexes de la circulation appris en Russie il y a 4 ans reviennent vite.
Ça roule tranquillement, il fait bon (21°), grand ciel bleu.
Une station service et je m’arrête pour un café (bien chaud), une crème glacée-pain d’épice (enfin c’est une espèce de pain d’épice monté sur un petit bâton, façon crème glacée et nappé de chocolat). C’est écœurant à souhait mais ça devrait m’apporter quelques calories 😜
Dans la station, hyper-moderne, est rangé dans un coin un pick-up (pour les plus jeunes : comprenez un « tourne-disque », et puis si vous ne comprenez toujours pas regardez la photo)
Si vous n’avez toujours pas compris à quoi ça sert, demandez à vos parents ou à vos grands parents 😜
Il est un peu rafistolé mais venez avec vos 45 tours et vous pourrez danser.
Cette station se trouve à quelques centaines de mètres du panneau indiquant la sortie de Nur-Sultan. Pendant que je fais la photo du panneau je me fais rattraper par un jeune cycliste, D’mitri (ou plutôt Dimitri, mais il l’a prononcé comme ça quand nous nous sommes présentés).
Dimitri fait le trajet de Nour-Sultan à Karaganda en vélo pour son plaisir et pour enrichir sa chaîne YouTube.
Même s’il roule plus vite que moi, j’arrive à le rattraper car il s’arrête de temps en temps pour filmer.
Je le dépasse définitivement quand un conducteur lui demande un renseignement et qu’il s’arrête visiblement un bon moment car je ne l’ai pas revu. Peut-être demain à Karaganda ?
Ce genre de rencontre, même si elle est fugitive, fait du bien. Comme les petits coups de klaxon qui retentissent accompagnés de signes d’encouragement. Finalement même si le paysage est plutôt monotone le temps passe vite.
Il y a ces panneaux qui vous font prendre la mesure des distances dans ce pays…
Après Karaganda, la prochaine ville est Almaty (l’ancienne capitale du Kazakhstan), 1.000 km plus loin. C’est comme si il n’y avait rien (enfin pas grand chose) entre Lille et Marseille.
De temps à autre il y a des distractions, comme ces deux camions qui ont des ailes…
Je suis bien d’accord avec vous ils ne peuvent pas vraiment s’envoler avec de tels appendices. Mais se faire « porter pâle » pourquoi pas ?
Je croise ensuite une antiquité qui, comme le pick-up, a connu l’ère soviétique :
On passe du modernisme de la pâle d’éolienne à la résurgence du passé avec ce bus (?) qui a l’air de remplir son office car le conducteur n’est pas seul à l’intérieur.
Côté balance commerciale, un bon point pour Saint Gobain qui semble placer au Kazakhstan ses produits Isover pour l’isolation des bâtiments (ici une station service en construction) :
Côté souvenir, comme souvent le long des routes, des cénotaphes rappellent aux passants la disparition d’automobilistes malchanceux :
Ici une plaque rend hommage à Anatole Mikhaïlovitch Khrapati
Ici, tragiquement, est mort le légendaire Anatole Mikhaïlovitch Khrapati
Je suis tellement enthousiasmé par ses petits impromptus que je décide de dépasser mon étape prévue originellement à Anar et de poursuivre jusqu’à Osakarovka où m’attend un motel de rêve 😴
J’avoue que j’ai fait trois fois le tour avant de rentrer car, comme vous le voyez, le responsable de la signalétique de l’hôtel l’a joué de façon sobre, très sobre.
Ceci étant les avis Google (que vous pouvez consulter) sont excellents.
J’y ajouterai certainement le mien demain car, au delà de la sobriété, on sent ici l’âme d’une demeure accueillante et amicale, même si le style est un peu, comment dire sans vexer quiconque, « surgi du passé ». Même la jeune fille du bar qui joue sur son ordi a une espèce de Candy Crush, semble sortie d’un film des années cinquante… 🤣
Mais la bière est excellente et elle est très contente de m’expliquer les spécialités maison par l’intermédiaire de la dictée de Google Traduction : après la soupe je vais avoir des raviolis (pilminis) et une tranche (adin , une seule) de kleb (du pain).
Voilà la soupe et mes deux boissons favorites en voyage : bière et Sprite 😋
Sa collègue, en charge des chambres, avait été plus spontanée en me proposant une « bolchoï palladin » (comprenez « une grande serviette ») quand je suis allé prendre ma douche 😊
Autant vous le dire tout de suite : la première impression a été bonne.
A l’arrivée à l’aéroport de Nur-Sultan, j’étais un peu stressé par la crainte de ne pas retrouver mes bagages (en particulier le vélo) et pour le passage au contrôle des frontières (je vous expliquerai pourquoi un peu plus loin)
Déjà le contrôle Covid s’est passé les doigts dans le nez… Enfin c’est une façon de parler, mais comme j’avais mon passe vaccinal complet et un test de Covid négatif réalisé vendredi dernier, il n’y avait aucune raison que ça se passe mal à ce niveau là.
Pour les bagages, le retard de deux heures pris à l’aéroport de Varsovie avait été expliqué par le commandant de bord, en raison d’un excédent de bagages dans la zone cargo de l’appareil.
Bien entendu j’avais pensé qu’un vélo pouvait avoir posé un problème et donc je croisais les doigts pour le retrouver ce matin. Et miracle ! A peine arrivé à la réception des bagages que mon vélo bien emballé trônait au milieu du hall 😎
Pour le contrôle au frontière j’étais aussi un peu tendu car la Lufthansa, que j’avais consultée pour faire le trajet Nice-Nur Sultan, avait refusé de me vendre un aller simple (mon retour devant se faire depuis Tashkent) au prétexte que l’entrée sans visa au Kazakhstan pouvait m’être refusée si je ne prouvais pas par un billet d’avion, que je quittais bien le pays dans un délai de 30 jours.
Crainte inutile car on ne m’a strictement rien demandé comme explication sur mon séjour, ni sa durée, ni le lieu, ni le motif. Un coup de tampon sur le passeport et roulez jeunesse !
Donc sortie de la zone d’arrivée en un temps presque record, retrait de quelques Tenge, la monnaie locale, dans un distributeur et installation à l’ombre pour déballer vélo et sacoches.
Un vélo déballé – remonté – chargé en une heure.
Ensuite promenade agréable de l’aéroport à l’hôtel réservé pour ce soir (tous les plans Couch Surfing se sont révélés sans suite).
Sur la route 2 voitures qui stoppent pour me demander d’où je viens et m’encourager. Le second s’arrête même quelques mètres plus loin pour me demander mon prénom et me gratifier d’un « Bon voyage, Stéphane » en français !
Hôtel accueillant, confortable, propre, calme… enfin tout se qu’on espère pour passer une bonne nuit après celle compliquée dans l’avion. Je ne sais pas pourquoi mais je me retrouve régulièrement saucissonné à côté d’un pilier de rugby qui doit faire un bon 110 kgs et mesurer 1m90.
Des gens charmants au demeurant mais qui n’en prennent pas moins de la place.
Un touch and go a l’hôtel pour courir dans un magasin Sport Master (Спорт Мастер pour les puristes) afin d’acheter une cartouche de gaz pour mon réchaud que je n’ai bien entendu pas pu mettre dans mes bagages, soute ou cabine.
Retour à l’hôtel pour déposer la bonbonne et aller retrouver Salamat, l’aimable couch-surfer qui n’a pas pu le loger mais m’a proposé de boire un pot, visiter un peu Nur-Sultan et me parler de son pays.
Traffic dense et des bouts de piste cyclables qui, comme en France se terminent parfois de façon abrupte et vous relancent dans la circulation. Tout le monde semble bien garder ses distances avec le cycliste, malheureux fétu de paille que je suis, perdu sur des routes bien chargées.
Mais tout se passe bien et j’arrive à peine en retard au rendez-vous avec Salamat. Lui aussi est en retard donc tout va bien.
Il ne souhaite pas dîner avec moi (il a mangé copieusement ce midi avec des clients) mais il me propose un petit tour de la ville avant de trouver un restaurant.
Salamat prend un « vélib » et nous faisons un grand trajet depuis la pyramide où nous avions rendez-vous jusqu’à un petit restaurant de brochettes près de l’hôtel.
La PyramideSalamat choisit soigneusement son Vélib Repas « chasslik » en compagnie de Salamat et accompagné de thé de Tashkent (le préféré des Kazakhs)
L’emballage du vélo est un travail qui demande un peu de temps, des vieux morceaux de carton…
Et à la fin un bon film étirable…
Idem pour le sac contenant les sacoches…
Maintenant il n’y a plus qu’à être à l’heure demain matin à l’aéroport de Nice 😊
Et au total ça fait 23 kgs de bagages + 20 kgs de vélo + le cycliste 🚴♀️ + les réserves d’eau et de nourriture une fois en route. Donc sauf tornade majeure je ne vais pas m’envoler.
Après le confinement « serré » de 2020 passé dans le Nord auprès de ma maman, le seul voyage de cette année aura été le retour de Lille à Avignon puis un trajet de Grasse à Chambéry.
2021 : année triste avec le décès de ma Maman en juillet… Le voyage projeté de Grasse à Berlin a bien sûr été interrompu à la frontière entre la Suisse et l’Allemagne.
En septembre j’ai récupéré mon vélo déposé à Strasbourg pour suivre le Rhin, puis le canal du Rhône au Rhin puis le Doubs jusqu’à Beaune.
Le projet pour 2022 était de poursuivre la traversée de la Sibérie commencé il y a déjà 4 ans maintenant, pour repartir d’Irtkusk et rejoindre Vladivostok.
La même semaine la Fédération de Russie m’a accordé un visa de 90 jours à partir du 10 Juin et a lancé l’opération spéciale « Guerre en Ukraine »…
Mes plans sont donc tombés à l’eau pour rebondir quasi immédiatement quand j’ai suivi le trajet (en voiture) qu’a fait mon ami Fabrice de Novossibirsk qui s’est rendu en famille à Tachkent en Ouzbékistan.
J’ai tout de suite formé des plans pour prendre la route d’Astana (Nur-Sultan) à Tachkent.
Et donc voilà le projet qui se concrétise ce samedi avec un départ de Nice en avion, direction Sur-Sultan, via Varsovie.
Une belle journée de vélo pour ce dimanche ! Le trajet est roulant et je me sens en pleine forme en quittant Viviers un peu après 7 heures. Un jeune couple qui était arrivé la veille en provenance de Grenoble et qui se rend à Saint-Raphaël en passant par Avignon, se lève à peine quand je quitte le camping. Ils n’auront pas trop de mal à me rattraper car ils roulent comme des warriors (comme ils le disent eux-mêmes).
Une petite photo du vieux pont qui ne doit pas dater d’hier :
En fait le pont a été construit au IIème et IIIème siècle par les Romains sur la rivière Escoutay.
La ville elle-même est un ancien évêché et domine le Rhône et l’Escoutay :
L’ancien palais épiscopal est devenu la Mairie de Viviers… bonjour M. le Maire !
Je file à bonne allure sur les bords du Rhône. La via Rhôna est souvent une via ferrata car elle longe aussi souvent une voie ferrée que les berges du Rhône. Mais je m’arrête quand même à côté de la stèle qui rappelle la mémoire d’un as de la grande guerre, Adrien Gonnet, qui est mort dans l’incendie de son yacht lors d’une croisière en septembre 1937 (ça lui a peut-être évité de reprendre du service deux ans plus tard).
Aucune information sur cet Adrien Gonnet, as de la Grande Guerre (?)… je vais laisser le soin à mon historien préféré, j’ai nommé Francis Babé, de retrouver le curriculum du citoyen Gonnet.
Le trajet se poursuit gentiment et je tente des variantes caillouteuses qui mettent le vélo et son cycliste à rude épreuve :
Quand je rejoins ensuite une piste cyclable aux dimensions impressionnantes et au revêtement impeccable, le contraste est saisissant…
Ici on frôle le sublime en matière de piste cyclable !
Néanmoins je suis irrésistiblement attiré par les pistes caillouteuses (mes initiales, SM, expliquent peut-être ce penchant…?) qui ont l’avantage de donner l’occasion de jolis points de vue, comme celle du château de l’Hers :
Ou encore sur les méandres et petites îles du Rhône au nord d’Avignon (à la hauteur de Châteauneuf-du-Pape)
l’approche de l’île de la Barthelasse (où, sauf erreur, la famille Obama a passé des vacances l’an dernier où il y a deux ans)
Mon objectif est d’arriver à Avignon par l’île de la Barthelasse… Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça, un point c’est tout. Quand on est sur la rive gauche du Rhône, il y a un seul endroit de passage possible : le barrage de Sauveterre
Pour y accéder un petit détour par une zone totalement préservée, sur l’île d’Oiselet qui porte mal son nom car je n’y croise même pas un chat en train de chasser… il n’y a vraiment personne dans ce bout du monde :
Mais la raison en est simple : c’est un cul-de-sac… le barrage-centrale de Sauveterre est une usine de production hydroélectrique et une fois sur deux ce sont des endroits fermés…
Tout est bouclé, sous vidéosurveillance et même une souris ne pourrait pas traverser le pont qui mêne à la Barthelasse pourtant à moins de 100 mètres de distance…
Donc demi-tour à droite, droite ! Et on retraverse l’île de l’Oiselet qui aboutit sur un petit passage à gué qu’il faut franchir en roulant sur le vélo :
Ça a rafraîchit les pieds et ça mouille les sacoches !
J’en profite pour remplir mes bidons avec un peu d’eau du Rhône (on verra bien si ça rend malade) car il est maintenant plus de midi et il fait chaud et soif !
Fin de cette première partie de l’étape du jour, après un peu plus de 90 kilomètres pour rejoindre la gare SNCF d’Avignon, car je vais faire un saut de puce (une grosse puce) en train, d’Avignon à Cannes, afin d’être ce soir à la maison auprès d’Anne après plus de 3 mois d’absence… 18 Mars 28 Juin ! Il me tarde quand même de rentrer 🤗 même si ces trois mois ont passé vite et si le retour à Magagnosc marque une nouvelle mise en sommeil de ce blog… en attendant de nouveaux voyages ou de nouvelles aventures !
Je viens de faire une journée “relax”, donc aucune excuse pour ne pas écrire un peu ce soir (si ce n’est la présence de moustiques qui ont détecté un client parfait…). Je suis dans un joli petit village, doté d’un joli petit camping, d’un joli petit port sur le Rhône et d’une jolie petite guinguette.
Le village de Viviers, dans le département de l’Ardèche (rive droite du Rhône). La photo a été prise un peu tard et manque de luminosité… et moi je manque cruellement d’accès internet… je vais devoir limiter les envois de photos ce soir.
La journée a commencé de manière un peu paresseuse. Le confort de l’étape, la fatigue liée au vent du Sud, dix jours de pédalage non-stop ont émoussé ma motivation ce matin et j’ai commencé par une petite visite du port de l’Epervière
Ciel bleu au dessus des bateaux et du Rhône
Puis j’ai fait une pause “atelier d’écriture“ pour rédiger un petit article de blog.
Puis une autre pause pour admirer des graphers en train d’exercer leurs talents sous le pont des Lônes, au sud de Valence :
Le résultat n’est pas mal mais les paysages des bords du Rhône m’impressionnent plus :
Sur la photo suivante j’ai essayé de fixer sur la pellicule ce que j’ai pensé être deux castors :
Personne ne pourra me contredire étant donné qu’on ne voit rien…
Après quelques courses dans un supermarché pour le casse-croûte du midi, je suis la nationale 7 pendant un moment et je passe dans un village au joli nom de la Coucourde et où je vois ce panneau indicateur :
Je ne sais pas s’ils ont choisi l’option « tri par groupe sanguin » ou par sexe ou par taille…? Ou alors tout passe en non-valorisable ?
Sans transition je me mets en recherche d’un logement et c’est à Viviers que je trouve mon bonheur avec cet hébergement cycliste dont la responsable du camping a l’honnêteté de me dire que leur réalisation a été financée par la Communauté Européenne, en liaison avec le développement du tourisme cycliste sur la Via Rhona.
Au total une petite journée de 75 kilomètres aujourd’hui :
Oups ! D’un seul coup je m’aperçois que je viens de passer trois jours sans prendre de notes (autres que photographiques) : il va falloir que je presse sur mes neurones pour raviver mes souvenirs.
Je suis arrivé à Valence hier soir ou j’ai été accueilli par des amis, Joël et Justine, qui fêtaient leurs 49 ans de mariage et que j’ai dû déranger avec mon arrivée… 🤭
Ils inaugurent en plus un appartement tout neuf en plein centre de Valence où ils sont entrés il y a à peine deux semaines. Reçu comme un coq en pâte je me suis reposé d’une journée vélo un peu éprouvante en trois temps : – orage et pluie le matin – soleil en milieu de journée – vent tempétueux de face dans l’après-midi
La nuit de repos a donc été la bienvenue et je vais entamer la dixième journée sans trop de fatigue, grâce à l’hospitalité de la famille Roques.
La journée de mercredi (Auxonne – Tournus) a été placée sous le signe du GPS… j’apprends (enfin) à me servir de ce modèle Garmin et je me suis tracé une route “idéale“ pour éviter les divagations de la Voie Bleue qui m’ont légèrement excédé hier. Résultat, je me trompe de route au bout de 5 kilomètres et je fais un détour énorme pour revenir sur ma trace… finalement je suis plus compréhensif avec mes erreurs de navigation qu’avec les tracés “touristico-bucoliques“ de laVoie Bleue. Je croise et recroise le Doubs et son cours d’eau paisible.
Puis c’est la confluence du Doubs et de la Saône, où j’ai croisé toute une famille de cyclo-touristes (au moins 4 enfants) en ordre de bataille !
A ma droite le Doubs, à ma gauche la Saône… c’est la seconde qui l’emporte
En approchant de Tournus je double un paddle-randonneur qui a accroché à sa planche une énorme bouée canard orange fluo (certainement pour être vu par les péniches).
Je m’arrête un peu plus loin et je vais me baigner pour discuter tranquillement avec lui au milieu de la Saône : il vient de Beaune et descend tranquillement au rythme de 25 km par jour..
La Saône est une véritable réserve ornithologique et les cygnes y pullulent littéralement.
Enfin c’est l’arrivée dans un camping bord de Saône, tranquille et où m’attend un… tonneau-cycliste :
Je ne sais pas si je vais terminer ma vie dans un tonneau, comme Diogène (qui avait dit à l’empereur Alexandre “Ôte-toi de mon soleil“, alors que celui-ci était venu prendre de ses nouvelles !), mais pour une petite halte d’une nuit c’est très confortable.
Le lendemain je reprends la route, direction Lyon où je suis attendu par Xavier, le frère d’Anne, qui habite à la confluence, au bord de la Saône : je n’ai qu’à suivre la rive gauche pour rejoindre Lyon. A Saint-Symphorien-d’Ancelles, une jolie vue sur les monts du Beaujolais :
Mon parcours est rythmé par les “points kilométriques » (PK en langage de mariniers. Le point de départ étant la confluence entre le Rhône et la Saône (où je dois me rendre), je sais exactement à chaque PK, quelle est la distance qu’il me reste à parcourir. Au PK 48, les trois modèles de bornes qui ont été utilisées, sont exposés :
Avec les années (et peut-être une végétation grandissante car le chemin de halage ne servant plus à tracter les chalands, la végétation s’y installe de plus en plus), les fameux PK prennent de la hauteur pour être visibles depuis le fleuve.
Encore plus intéressant (je trouve) le quatrième modèle de borne, utilisé au 19ème siècle est enfoui dans la végétation et il faut gratter un peu les herbes pour le dénicher :
Il faut bien regarder pour lire les indications sur ces bornes…
Enfin c’est la confluence et la Saône se jette dans le Rhône
A ma droite, la Saône. A ma gauche le Rhône. C’est le second qui gagne !
La confluence est devenu un lieu culturel à Lyon avec son musée et des immeubles ou des anciens entrepôts qui accueillent des expositions temporaires.
La darse du port de la Confluence, sensée accueillir les bateaux de plaisancier mais qui, en fait, est aujourd’hui inutilisée car les embarcations sont prises pour cibles des mégots de cigarettes et autres cannettes vides…
Après ma nuit lyonnaise en famille, je repars avec, en perspective, de gros nuages annonciateurs d’orage…
Ça se couvre devant…
Effectivement la pluie et l’orage arrivent. Un arrêt de bus me permet de m’équiper et de poursuivre ma route tranquillement (comme dirait l’autre “il n’y a pas de mauvais temps, mais de mauvais vêtements“). J’arrive à Givors, point de départ de la quinzième étape du Tour de France 2013 (l’édition du centenaire)
Magnifique pont suspendu à Givors :
Dommage qu’il pleuve…
Le soleil finit par l’emporter et je sèche gentiment après avoir emprunté la N7 jusqu’à Péage du Roussillon où je m’installe dans une crêperie (déserte) où je fais sourire le patron et son épouse en leur montrant une fausse bretonne (vraie russe) que j’avais croisée il y a deux ans, en train de faire des crêpes dans un restaurant sur le bord de la Magistral 3
Ensuite, à Andancette, je tombe sur un embouteillage de Renaults Traffic, impressionnant !
On a beau faire du “flux-tendu“, il y a toujours des stocks tampons dans l’industrie automobile…
Ensuite le vent du Sud se met souffler rageusement et les derniers kilomètres avant Valence me paraissent très très longs…
J’arrive enfin chez Joël et Justine qui me réservent un accueil chaleureux et avec qui je passe une soirée très sympathique.
Le centre-ville de Valence (avec, au fond de la photo, l’immeuble où viennent d’emménager Joël et Justine)